mardi 21 août 2007

• Le parfum du silence - Francis Lucille

Le parfum du silence
Francis Lucille

Qustion : Si nous ne pouvons concevoir la vérité ou la percevoir, comment pouvons-nous jamais l’approcher ?

Francis Lucille : Nous ne pouvons approcher la vérité, car nous la sommes. L’entité qui veut approcher la vérité doit cesser d’exister pour que la vérité se révèle. Cette entité limitée est une illusion. Elle emprunte sa réalité à sa source, la vérité. La vérité ne peut être éprouvée ou sentie, car elle n’appartient pas au domaine mental. Pensées et sensations apparaissent dans leur racine, le Soi. C’est là le sens des paroles de Krishna dans la Bhagavad-gîtâ : « Les êtres ont leurs racines en Moi, mais Je n’ai pas mes racines en eux. »
La compréhension que nous ne pouvons nous approcher de la vérité, car nous la sommes, que le mental ne peut concevoir, saisir ou atteindre ce qui est au-delà de lui et qui le perçoit, est la seule condition préalable à l’établissement conscient dans notre être véritable. Cette compréhension a une vie, une énergie propre, qui, dissipant les voiles accumulés, ouvre la voie à la révélation de l’évidence ultime.

Q : Qu’est-ce que la vérité ?

La vérité absolue est sa propre preuve.
Elle est la source de toute conviction profonde, de la compréhension la plus élevée. Elle s’accompagne d’une profonde conviction d’évidence en soi. Si nous demandons à quelqu’un : « Savez-vous qui ou quoi vous êtes ? », il hésitera probablement avant de répondre. Toutefois, si vous demandez : « Savez-vous que vous êtes, que vous existez ? », la réponse sera : un « oui » immédiat, car cette question est en rapport direct avec une réalité évidente en elle-même, avec une source de conviction absolue. Elle nous met en contact avec le centre profond de notre être.

Q : Est-ce que le fait que ce soit une connaissance directe et évidente en elle-même implique qu’elle n’a pas d’opposé ?

Oui, car elle n’est ni un concept ni une perception. Elle n’est pas un objet. Elle existe par elle-même. Notre réalité ultime est la seule chose qui existe par elle-même, la seule chose qui ne soit ni une chose ni une non-chose. La compréhension de la perspective non duelle est la clarification de la question : « Qui suis-je ? » par l’élimination de ce que je ne suis pas, jusqu’à ce que la réponse à la question « Qui suis-je ? » atteigne le même niveau de conviction et de spontanéité que la réponse à la question : « Suis-je ? » Cette réponse vivante ne peut jamais être formulée. C’est la source même d’où jaillit notre certitude d’être. Ces deux questions conduisent à une réponse unique, la seule réponse qui puisse jamais nous satisfaire absolument.

Q : Pourquoi cette perspective est-elle si extraordinairement difficile à saisir pour le mental ?

Pour le mental, saisir cette perspective n’est pas seulement difficile, mais impossible. Toutefois, elle se laisse aisément saisir par le cœur, sans intermédiaire.
Comment comprenons-nous quoi que ce soit avec le cœur ? Comment en faisons-nous l’expérience ? Comment savons-nous que nous ne sommes pas tout simplement pris au piége d’un autre concept ?
On ne comprend qu’avec le cœur. Nous croyons comprendre avec le cerveau, mais la compréhension est immédiate, intemporelle, non-mentale. La recherche qui précède la compréhension et la formulation qui lui font suite sont peut-être l’œuvre du mental en tant qu’instrument ou conduit, mais l’instant intemporel de l’intuition créative se situe dans le cœur.

Q : Voulez-vous dire que nous ne comprenons pas avec le mental ?

Oui. Le mental ne peut saisir que des objets. Il ne peut saisir la compréhension. Lorsque le mental formule la compréhension, l’ego fait surface avec la pensée : « J’ai compris ! » ; mais au moment de la compréhension, l’ego n’était pas présent, cela est vrai même dans le cas d’une compréhension objective ordinaire. La véritable connaissance a lieu au-delà de la sphère mentale, au sein de la conscience. La conscience est intelligence. Toutefois, lorsque nous comprenons la compréhension même, nous entrons dans une nouvelle dimension. L’intelligence qui a vu sa propre source a franchi le Rubicon céleste. Cette vision déclenche une implosion qui met fin au règne de l’ego et rétablit la suprématie du Soi véritable.

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