jeudi 23 août 2007

• L’état d’éveil

Vu sur : http://www.arenotech.org/tribune_libre/La%20_Voie5.htm

L’expérience de l’éveil échappe à toute représentation, car il est difficile de parler de ce qui est du domaine de la non-dualité. Essayons quand même de l’évoquer :

• Il s’agit d’une expérience primordiale, au sens de premier : l’expérience avant qu’elle soit habitée par moi, expérience qui se vit et se comprend en elle-même, sans appui sur des représentations, expérience à laquelle « rien ne manque » C’est un état de présence, d’incorporation (au sens de faire corps, de ne pas être coupé, séparé), présence sans centre ni périphérie qu’on peut nommer ouverture. C’est l’expérience de l’immédiateté : ce qui est tel que c’est ; état de clarté, de lucidité, d’intelligence immédiate ou « en soi » C’est un état de participation, de réceptivité, de sensitivité et de disponibilité absolues, une capacité d’adéquation immédiate à la situation, d’accomplir ce qui est à accomplir.

• La tradition bouddhique groupe cette plénitude de qualités dans deux pôles complémentaires : sagesse et compassion. Si la main gauche est blessée, la main droite ira à son secours spontanément, car elle fait partie du même corps : la non-dualité est compassion non fabriquée. Chaque partie du corps travaille naturellement pour le bien-être de l’ensemble et s’y réjouit ; tel est l’amour d’un bouddha, car il « fait corps » avec le tout. Faisant corps, il expérimente ce qui est tel que c’est : la non-dualité est sagesse. Un éveillé n’es pas un « pur esprit » à côté de ses pompes. Libres de la fixation du moi, toutes ses facultés se déploient sans entrave.

• L’état d’éveil se nomme nirvâna, mot qui signifie « extinction », car c’est la cessation de l’illusion du moi qui dévoile cet état. Le nirvâna est le non-né, le non-devenu, l’inconditionné, le non-composé. L’éveil est la réalisation de notre véritable nature, de notre état de santé fondamentale qu’on nomme « nature de bouddha », « véritable nature de l’esprit », où encore « claire lumière » Pour évoquer tous ces synonymes du nirvâna, on emploie l’image de l’espace qui embrasse et pénètre toutes choses, vide de toute détermination, intemporel, ouvert ; espace sans entrave, où tout peut apparaître, niveau pur des phénomènes. Un espace lumineux, comme le ciel, la lumière évoquant la lucidité, la capacité de connaissance, d’expérience, de sensitivité.


L’éveil n’est pas le résultat d’une pratique ou l’effet de quoi que ce soit. L’éveil est « ce qui est » lorsque cesse l’illusion de la dualité. Les qualités éveillées telles que la pure intelligence ou l’amour absolu ne sont aucunement quelque chose qu’il faille produire ou induire, elles sont naturelles et spontanées. Le chemin vers l’éveil sera donc une pratique de déconditionnement des illusions et de dévoilement de la véritable nature de l’esprit. La bienveillance envers soi-même et la confiance fondamentale en notre « bon fond » traversent toute la pratique bouddhiste: il s’agit de défaire ses conditionnements, pas de s’enfoncer d’avantage dans la dualité d’une lutte que le « bon moi » livrerait au « mauvais moi » affin de fabriquer un « moi meilleur », ce serait le comble de la maladresse…

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