mercredi 31 décembre 2008

• A ce moment là, ce qui devait être mon ego s’est volatilisé - Bertrand


Cela fait des semaines que je recherche un forum pour partager mon expérience. Aujourd'hui, je suis comblé. Non seulement je viens de trouver ce forum, mais en plus j'y trouve des personnes qui ont vécu ce que j'ai vécu. Des textes que j'aurai pu écrire.

Voici le récit de mon expérience.

Cela faisait vingt ans que j’avais des certitudes, la certitude que la vie c’était d’accumuler et pour cela de se démener dans son travail.
La certitude que ma famille était indestructible car présente à mes cotés depuis de très nombreuses années.
Et puis par un beau matin de la fin de l’été, mon épouse bien aimée m’a glissé à l’oreille : « ... je ne t’aime plus, j’ai rencontré quelqu’un, je vais partir... ».
Cette date fut pour moi le début de l’apocalypse. Il serait trop long de passer en revue la liste des sentiments qui se sont succédés pendant les semaines qui ont suivi. Depuis le désir de vengeance, d’abandon, de suicide, de pardon, et toutes leurs variantes .
Après deux semaines à me noyer dans toutes ces projections de mon esprit, au milieu d’une matinée ensoleillée, j’ai soudain senti mon corps se remplir par une sorte de grande sérénité. Quand mon corps fut rempli, il a commencé à débordé. C’est en tout cas la sensation que je ressentais à ce moment là. A partir de maintenant, les mots que je vais utiliser ne sont destinés qu’à donner une compréhension de cette expérience, la réalité étant indescriptible avec les mots que nous connaissons.
Ce sentiment qui m’avait envahit et qui débordait à plusieur centaines de mètres au-delà de mon individu, c’était de l’amour. Pas cet amour dont nous qualifions nos relations amoureuses. L’Amour parfait, de l’amour tendresse, de l’amour bonté. Un amour désinteressé destiné à tous ceux qui croisent notre route, nos amis, notre famille, des passants, nos ennemis, les animaux les plantes et la nature. Un peu comme les radiations d’une bombe atomique dont le plutonium aurait été remplacé par de l’Amour.
A ce moment là, ce qui devait être mon ego s’est volatilisé, instantannément, toutes les constructions mentales acquises depuis ma naissances sont apparues pour ce qu’elles étaient c'est-à-dire obsolètes. A cet instant le concept de vacuité cher à la religion bouddhiste et que je n’avais jamais compris est aparu d’une clarté infinie. Un grand nombre de questions ou d’incompréhensions sont venues s’imbriquer les unes dans les autres pour m’appraitre comme des évidences. Les relations qui unient les hommes, les animaux, les plantes, notre terre et l’air qui nous entoure sont également devenues des évidences comme un tout indiscociablement lié.
Entre quelques secondes et une demi heure, je ne sais dire combien de temps cette illumination a duré. D’ailleurs le temps ne fait pas partie de ce sentiment.
A mon retour, si je peux m’exprimer ainsi, les effets de cette expérience sont restés très présents pendants deux à trois jours.
Mais le plus certain, c’est qu’on ne ressort pas indemne d’une telle expérience. Dés lors que le mensonge qu’inflige notre ego à notre mental est identifié, notre vie s’en trouve immédiatement transforméé.
Tous les sentiments qui me minaient depuis des semaines ont été instantannément remplacés par une grande compréhesion des souffrances que j’avais infligé durant des années à mon épouse et à ma famille. Grande compréhension associée à un Amour sincère et à sens unique. Depuis ce moment, mes relations avec le monde qui m’entourent ont évolué. J’ai retrouvé mes enfants, mon épouse, sans revenir sur sa décision m’a avoué avoir un autre homme devant elle. Un homme qui aurait dû arriver beaucoup plus tôt. Ma famille ne me reconnait plus, mais d’autres évènements sont également à noter. Depuis quelques temps, de nouvelles sensibilités se développent en moi. Les animaux viennent facilement vers moi, mes aliments me parlent, la nature me touche, je suis beaucoup plus sensible aux bruits.
Depuis quatre mois, cet état s’est reproduit trois ou quatre fois de façon plus ou moins intense. Je n’ai aucune idée de se qui le provoque ou non. Cela m’est arrivé au cours d’une promenade, au volant, dans une salle d’attente, bref n’importe où.
Ce dont je suis certain, c’est que cet amour est en chacun de nous, à quelques millimètres de notre quotidien. Découvrir cet amour est à la fois la chose la plus simple au monde (parce qu’il est ici maintenant) et la plus difficile car il n’existe pas de méthodes ni de mots pour y accéder, c’est à chacun de trouver la route.
De plus, trouver la route une fois ne signifie nullement qu’on la retrouvera ensuite.
Mais s’il est un vœu que j’aimerai formuler, c’est que tous les étres de cette planète puisse un instant dans leur vie connaitre cet état. L'impact positif sur le monde qui nous entoure serait plus puissant que tout ce qu'on peut imaginer.

Malheureusement il est très difficile de partager cette expérience avec ceux qui ne l'ont pas vécue. C'est pourquoi je serai très heureux de correspondre avec quelques "frères ou soeurs d'expérience".

Merci.

mardi 30 décembre 2008

• La vision réelle - Ma Ananda Moyi

Ma Ananda Moyi

Quel est le but des questions que l'on peut vous poser ?

Ce qui est, EST. Que les doutes naissent est naturel. La discussion sert à dissoudre les doutes. Par conséquent, il est utile de discuter. Qui peut dire quand le voile se lèvera pour vous ? Le but de la discussion est d'éliminer la vision ordinaire. La vision ordinaire n'est pas une vision. La vision réelle est celle où il n'y a plus « celui qui voit » et « ce qui est vu ». Elle ne dépend pas de l'oeil, si ce n'est l'oeil de la sagesse. Dans la vision qui se passe de l'oeil, il n'y a plus de place pour la di-vision.

Namaskar, bulletin de la Fédération Française de Hatha Yoga.

lundi 22 décembre 2008

• La Présence intégrale - Sebastien Fargue

Sébastien Fargue

En pratiquant la présence, nous apprenons à percevoir ce qui est dans notre champ de conscience avec honnêteté et sans jugement. Au contact de cette attention à la fois accueillante et lucide, les fixations et les illusions perdent tout simplement leur pouvoir de fascination.
Nous redécouvrons notre véritable nature, et sommes alors consciemment reliés à la vie.
Nous prenons conscience qu’il n’y a qu’un seul mouvement unifié, et non plusieurs parties distinctes en lutte pour elles-mêmes.
Nous comprenons que nous ne sommes pas une personne autonome, mais le mouvement de la Vie elle-même.
Ainsi, nous retrouvons la légitimité et la liberté d’être tel que l’on est.

De la vie mentale à la vie telle que nous la percevons

Il y a savoir, et il y a vivre.
Tant que l’on sait, on ne vit pas.
Vivre, c’est percevoir ce qui est, sans prendre pour vraies les représentations que la pensée en fait.

Ce qui nous empêche de vivre, c’est la compulsion incessante que nous avons à vouloir savoir, expliquer et diriger la vie.
Ce qui nous empêche de vivre, c’est la peur incessante de ne pas savoir, de ne pas pouvoir expliquer ni contrôler la vie.
Nous refusons de nous perdre. Nous voulons nous trouver, nous améliorer.
Nous croyons que nous sommes incapables ou que nous maîtrisons la situation.
Nous croyons que l’abandon de la lutte va nous transformer en fainéants, en mauviette ou en animal.
Nous croyons, nous croyons, nous croyons...

Être présent, percevoir ce qui est sans préjugés, ni suppositions nous permet d’en goûter la substantifique moelle. Vivre, c’est avant tout percevoir consciemment. Si nous ne sommes plus conscients, l’essentiel demeure voilé, et nous errons comme des enfants égarés à la recherche de l’amour ou du bonheur.

La libération, la présence est une question de perception, et non une question de conception. La pratique désintéressée de la présence nous ouvre instantanément la porte de la réalité. La pratique de la présence, c’est nous réhabituer à être conscients de ce qui arrive dans l’instant présent, c’est tout.

La présence à soi

Confortablement assis, seul, ou à plusieurs, dans un lieu tranquille pour commencer.

Il est important de se centrer, d’être « posé » en soi, le plus profondément possible, dans un état de calme intérieur.

Et c’est d’ailleurs un préalable à toute pratique de présence. Être là, ici et maintenant.


On pratique la présence grâce à la présence.


Observer la présence ou l’absence de pensées. S’il y a des pensées, quels sont leur rythme, leur taille et leur intensité ? Voir cela et laisser faire.

Observer la présence ou l’absence de sentiments. S’il y a des sentiments, quelles sont leur densité, leur profondeur et leur intensité ? Voir cela et laisser faire.

Observer la présence ou l’absence d’émotions. S’il y a des émotions, quelles sont leur texture, leur taille et leur intensité ? Voir cela et laisser faire.

Observer la présence ou l’absence d’énergies. S’il y a des énergies, quels sont leur vibration, leur mouvement et leur intensité ? Voir cela et laisser faire.

Observer la présence ou l’absence de sensations.
S’il y a des sensations, quelles sont leur localisation, leur fréquence et leur intensité ? Voir cela et laisser faire.

Observer les interactions entre la pensée, les sentiments, les émotions, les énergies et les sensations. Observer comment elles interagissent entre elles. Voir cela et laisser être.


S’il n’y a rien, voir cela et laisser faire.


Ensuite, on peut pratiquer la présence à soi dans des situations passives ou actives diverses
(en marchant, en écrivant, en lisant, en se lavant, en mangeant, en parlant, en écoutant, en nageant, en courant, sur un banc, dans la voiture, dans le métro, etc.).

La présence vous accueille tel(le) que vous êtes, au moment où vous l’êtes, et ne vous demande pas de changer ou de rester le (la) même.

vendredi 19 décembre 2008

• Une flamme au centre de l'immensité - Ruben Feldman-Gonzalez

Ruben Feldman-Gonzalez

Ruben Feldman Gonzalez est un médecin argentin qui a oeuvré pour la promotion de l’Esperanto dans les années soixante, et depuis sa rencontre avec Jiddu Krishnamurti et David Bohm, parcourt le continent américain pour dialoguer autour de la « méditation » de Krishnamurti, qu’il a renommé « perception unitaire ».

Ruben : « Voudriez-vous récapituler l'enseignement en seulement une phrase ? »


Krishnamurti : « Essayer sans effort de vivre avec la mort dans un silence sans futur. »

Ruben : « Cela résonne de manière absurde. »

Krishnamurti : « Il y a quelques temps, en 1972, j'ai passé un matin complet avec « Cela » sans quitter mon lit. J'étais complètement calme, avant de pratiquer mon hatha yoga (seulement un yoga physique, juste pour rester souple)... C'était comme une flamme au centre de l'immensité. Et le centre de l'immensité était mon cerveau. Comprenez-vous ? »

≈≈≈≈≈≈≈≈≈

« Cela » est venu à moi (Francfort – juin 1978). Après avoir laissé Brockwood Park, j'ai visité l'institut de recherche sur le cerveau Max Planck à Cologne en Allemagne.
Pendant que j'attendais mon avion à l'aéroport de Francfort pour une visite en Argentine, j'ai eu l'expérience de l'illumination. Cette expérience a duré seulement six ou sept minutes mais a changé ma vie comme rien ne l'avait fait auparavant. Je venais de rencontrer Krishnamurti encore une fois, et le Dr Bohm pour la première fois, mais durant l'expérience elle-même, je n'ai établi aucune relation de cause à effet dans mon esprit.
La même expérience avec différentes teintes s'est produite au moins cinq fois entre juin 1978 et mars 1980. Ce fut après cette expérience que j'ai commencé des lectures au public et participé aux Group Encounters (de 1978 jusqu'à aujourd'hui) sur tous les continents.
J'ai essayé de décrire l'expérience de « Cela » à mes amis. Après plusieurs essais j'ai dû commencer par dire qu'il n'y a pas de mots pour ça. Chaque fois que ça arriva, que ce soit pour quelques minutes à Francfort (1978) ou pour ce qui fut la plus longue période d'une semaine entière après le 21 juin 1986 à El Centro, dans le sud du désert de Californie, j'avais complètement perdu l'appétit et le sommeil, aussi bien que le concept du temps.
Chaque fois que « Cela » est venu, je me suis senti hyperstimulé, hyper-énergique et joyeux mais immensément calme, avec la sensation que tout était en ordre à l'intérieur de moi. Tout était très clair dans mon esprit à ces moments bénis. Après que « Cela » soit venu, je sais que l'humanité partage une conscience unique, mais pas comme une idée, une croyance, une lubie ou un souhait. Maintenant je sais simplement que l'humanité est une.

Source du texte

mardi 16 décembre 2008

• Il n'y a rien sur quoi l'Etre puisse s'appuyer - Niina

Niina

Je ne suis pas celui qui sent, entend, voit, goutte, parle, pourtant je sais que je suis.

Au Gabon comme, dans un grand nombre de société, il existe des rites de passages de l'adolescence à l'adulte, c'est lors de mon initiation au bwiti par l'iboga, que j'ai fait pour la première fois l'expérience de l'absolu.

Celle-ci est fonction de votre maturité et non d' un effort, cependant, à l'issu de ce voyage tous les anciens me dirent que je ne pourrais pas revivre cette expérience au quotidien, sauf après ma mort. Curieux je demandais pourquoi pas maintenant ? Parce que c'est ainsi, voici la réponse que j'obtins.

Insatisfait, j'ai commencé à chercher un moyen pour vivre cette expérience quotidiennement, voici le début de ma quête. Mon acharnement fût tel que ma conscience s'éveilla au bout de deux ans et demi, avec le temps, je comprends que ce qui est arrivé devait arrivé, tout simplement.

Que s'est-il véritablement produit ? Un « non-événement », car en réalité on ne fait pas de découverte, simplement une meilleure compréhension de sa nature véritable, comprendre qu'il n'y a rien sur quoi l'Etre puisse s'appuyer, que l'intérieur et l'extérieur de ce corps n'ont pas de contenu : « il n'y a rien ».

Depuis cela, ma vie continue son cours, je suis éducateur sportif dans un club à Toulouse, conscient que je suis.

Au final, rien n'est vrai ou faux, comprendre simplement que le relatif et l'absolu alternent inlassablement, cet état de conscience ne peut-être vu. De la même manière que, nul ne peut voir le vent, mais ses manifestations qui ne sont pas le vent, il en est de même pour l'éveil.





Découvrez le site de Niina (ainsi que d'autres vidéos).

vendredi 12 décembre 2008

• La vérité ne connaît pas de limites - Krishnamurti

Jiddu Krishnamurti

La vérité est un pays sans chemins. Il n’existe pas de sentier qui y conduise, ni de religion ni de secte. Tel est mon point de vue que je défends absolument et inconditionnellement. La vérité ne connaît pas de limites, elle ne peut être conditionnée, elle ne peut être atteinte par des voies prédéfinies et ne peut donc pas non plus être organisée. C’est pourquoi il ne faudrait pas fonder des organisations qui conduisent les humains sur un chemin particulier ou les obligent à l’emprunter. Si seulement cinq personnes veulent écouter, vivre, tourner leur visage vers l’éternité, cela suffit. Comme je l’ai dit, je n’ai qu’un seul but, libérer l’homme, lui donner l’impulsion pour qu’il se libère lui-même.

jeudi 4 décembre 2008

• Satsang avec Mooji

Satsang avec Mooji

Appuie-toi sur l'autorité de ta propre vision





mercredi 3 décembre 2008

• Une gigantesque danse cosmique - Fritjof Capra

Fritjof Capra

J'étais assis un soir au bord de l'océan un soir d'été, regardant déferler les vagues et sentant le rythme de ma respiration, lorsque je pris soudain conscience de tout mon environnement comme étant engagé dans une gigantesque danse cosmique.

Etant physicien, je savais que le sable, les roches, l'eau et l'air autour de moi était composés de molécules vibrantes et d'atomes, consistant en particules qui en créent et en détruisent d'autres par interactions. Je savais aussi que l'athmosphère de la Terre était continuellement bombardée par des pluies de rayons cosmiques, particules de haute énergie subissant de multiples collisions lorsqu'elles pénètrent dans l'air. Tout cela m'était familier de par ma recherche en physique des hautes énergies, mais jusque là, je l'avais seulement expérimenté à travers des graphes, des diagrammes, et des théories mathématiques. Tandis que je me tenais sur la plage, mes expériences théoriques passées devinrent vivantes. Je vis des cascades d'énergie descendre de l'espace au sein desquelles les particules étaient créées et détruites selon des pulsasions rythmiques. Je vis les atomes des éléments et ceux de mon corps participer à cette danse cosmique de l'énergie. J'en sentais les rythmes et j'en entendais les sons, et à ce moment précis, je sus que c'était la danse de Shiva, le seigneur de la danse adoré par les hindous.

jeudi 27 novembre 2008

• Vous ne pouvez pas voir ce qui n’est pas là - Radha Burnier

Radha Burnier
(en présence de Krishnamurti)

« A quoi bon regarder vers l’extérieur ? Tout ce que vous voyez ce sont des objets ! Retournez-vous ! Regardez vers l’intérieur.

« Verrai-je alors le sujet au lieu de l’objet ?

« Si c’était cela, vous regarderiez de nouveau un objet. Un objet est un objet, quelle que soit la direction où vous regardiez.

« Ainsi, je ne peux pas me voir moi-même ?

« Vous ne pouvez pas voir ce qui n’est pas là !

« Que verrai-je donc ?

« Vous verrez peut-être l’absence de vous-même. C’est Cela qui regarde. On l’a appelé le « Vide ».

Le « Vide », c’est le Nirvana, mais ce n’est pas le vide. C’est la Plénitude, cette plénitude qui est amour, béatitude, la Paix qui dépasse l’entendement. La connaissance absolue n’est que l’amour absolu. »
Radha Burnier

vendredi 21 novembre 2008

• Ce retournement de l'esprit vers l’intérieur - Ramesh Balsekar

Ramesh Balsekar


L’emploi de l’expression “évolution spirituelle” présuppose que cela s’inscrit dans le temps.


Effectivement, bien sûr. Le processus tout entier se situe dans la phénoménalité espace-temps.

Qu’est-ce qui vit dans le temps, est-ce le mécanisme corps-esprit ?

Oh ! non. C’est la conscience identifiée, la Conscience qui s’est intentionnellement identifiée à un organisme individuel.

Pourquoi cela s’est-il produit ?

Pour que cette lilâ, ce jeu, ce rêve cosmique, puisse se déployer. Le processus d’identification est continu. De nouvelles créatures, de nouveaux être humains sont sans cesse créés, et l’identification prend place en eux. Cette identification va alors subsister, mais en suivant un processus d‘évolution. A un certain stade, l’esprit se tourne vers l’intérieur; alors, débute le processus de désidentification. Ce processus demande beaucoup de temps et beaucoup de naissances. Identification, retournement de l’esprit, processus de désidentification: voilà en quoi consiste tout le jeu. Mais attention! Souvenez-vous bien que tout cela est un concept. Ce concept est cependant susceptible d’aider à engendrer la compréhension ultime.

Le mot évolution est donc un concept qui n’est visible que pour l’individu identifié ?

Effectivement.

Pourquoi un concept serait-il nécessaire ?

Parce que cette identification a donné lieu au concept d’individu. Or, dès qu’il apparaît, le concept de l’individu rend nécessaire le concept de Dieu. Sinon, dans l’impersonnel, où est l’individu, et où est Dieu ?

Se tourner vers l’intérieur, est-ce un moyen d’ignorer l‘égo ?

Non. Se tourner vers l’intérieur ne peut que se produire, voyez-vous. Se tourner vers l’intérieur est le processus de l‘évolution spirituelle. L‘évolution se poursuit dans tout. Il y a l‘évolution physique, il y a une évolution dans la musique, il y a une évolution dans l’art, il y a une évolution dans la science, et il y a une évolution spirituelle.
Dans cette évolution spirituelle, il y a d’abord l’identification, qui se poursuit par l’intermédiaire de plusieurs milliers d’organismes corps-esprit — ou peut-être cent mille, ou un million, là n’est pas la question.
Disons qu’elle se poursuit au travers de toute une série d’organismes corps-esprit. Et dans un certain organisme corps-esprit, va se produire ce mouvement vers l’intérieur. Une cause apparente survient, une pensée, ou un événement, ou quelque chose, et l’esprit se tourne vers l’intérieur. Au lieu de s’intéresser à l’extérieur et de désirer de plus en plus d’objets matériels, l’esprit se tourne vers l’intérieur et veut connaître sa vraie nature — “Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Quel est le sens de la vie ?” Alors commence le processus de désidentification. Dans cette évolution, la recherche spirituelle commence par ce retournement de l’esprit vers l’intérieur, avec un individu qui se met à chercher. Cette recherche, qui en réalité est le processus de désidentification, se poursuit au travers de divers processus d‘évolution. D’une certaine quête, vous passez à une autre recherche et d’innombrables frustrations, jusqu‘à ce qu’enfin vienne la compréhension soudaine qu’aucun “individu” ne sera jamais éveillé. L‘éveil, en tant qu‘événement impersonnel, ne peut se produire que par l’intermédiaire d’un objet. Pour que n’importe quel événement se produise, il faut un objet. Donc, quand l‘éveil est sur le point de se produire, un organisme corps-esprit est créé dans cette évolution, un organisme prêt à recevoir cet éveil. Il possède la constitution et les caractéristiques physiques et mentales qui vont le rendre apte à recevoir l‘éveil. Et cet organisme corps-esprit est lui-même un processus d‘évolution.

Le point de départ de cette compréhension, dans la durée, est l’acceptation que l‘éveil peut très bien ne pas se produire dans cet organisme corps-esprit. C’est une chose qui est très difficile à accepter pour un chercheur, un chercheur individuel, mais c’est un jalon important de ce processus inscrit dans la dualité. Puis se produit un “lâcher-prise”, qui engendre un immense sentiment de liberté. “Si je ne peux pas connaître l‘éveil, si un objet ne peut pas être éveillé, que suis-je donc en train de chercher ?”
Donc, ce lâcher-prise se produit et cette identification à l’organisme corps-esprit, à ce “moi”, s’affaiblit. Mais il se produit un certain saut quantique dans ce processus. Et le saut quantique ultime, juste avant l‘éveil, est le suivant : il n’y a plus de quête, et peu importe que l‘éveil se produise ou non. Quand cette acceptation apparaît, le “moi” a pratiquement disparu. Parce que le chercheur, c’est le “moi”, et non l’organisme corps-esprit. Par lui-même, l’organisme corps-esprit n’est qu’un objet inerte, nécessaire pour que l‘éveil se produirse.

Le “moi” est le “moi” tant qu’il existe un chercheur, n’est-ce pas ?

C’est exact. Oui. Donc quand la quête disparaît, le chercheur “moi” disparaît aussi.

L‘évolution de ce “moi”, c’est donc le but ultime ?

Oui. Le “moi” subit une évolution, mais pas ce “moi” particulier.

Oui, je voulais dire collectivement.

Oui. Comme je l’ai dit, un “moi” dénommé Albert Einstein a été développé pour la théorie de la relativité. Mais seulement pour la théorie de la relativité. Pour la poursuite de l‘évolution de la science, d’autres organismes corps-esprit ont été créés. Einstein n‘était pas prêt à contenir le développement ultérieur de la théorie quantique. il n’avait pas la faculté de recevoir la théorie d’Heinsenberg sur l’incertitude. Selon Einstein, cette théorie voulait dire que “Dieu jouait aux dés avec l’univers”, et, ajouta-t-il, il ne pouvait pas accepter que Dieu joue aux dés avec l’univers. A quoi Neils Bohr a répondu: “Dieu ne joue pas aux dés avec l’univers. Nous pensons que Dieu joue aux dés avec l’univers, parce que nous n’avons pas toutes les informations que Dieu possède!”

Je crois que Neils Bohr a dit “Albert, aurais-tu la présomption de croire que tu sais ce que pense Dieu ?”

Oui, peut-être bien.

Y a-t-il un plan ou un but ultime, une conclusion finale à toute cette évolution ?

Il n’y a aucun but final. C’est un fonctionnement impersonnel et continu de la Totalité. Aujourdh’ui, les scientifiques appellent cela processus “autogénérateur”. Je préfère pour ma part parler d‘énergie latente se déployant d’elle-même. Mais pourquoi l‘énergie s’active-t-elle ? Pourquoi cette manifestation existe-t-elle ? Voici une réponse : pourquoi pas ? Et une autre: Cette énergie ne serait pas latente si elle ne s’activait pas à un certain moment. Elle serait morte.

Je suis en train de lire Je suis Cela, ainsi que vos livres. Il semble qu’avant l‘éveil, vous étiez tous les deux, Maharaj et vous-même, des hommes ordinaires, vivant dans le dualisme.

Effectivement, mais il y a une différence. Maharaj a relaté que la première fois qu’il avait entendu son guru dire “Tout cela est un rêve, une occurrence impersonnelle, et vous n‘êtes qu’un instrument permettant à la Totalité de fonctionner; il n’existe aucun “vous” en tant qu’entité indépendante”, il l’a tout de suite accepté. C‘était une certitude absolue. Cela se produit très rarement. Dans mon cas, ce genre de réceptivité n‘était pas là.

Cela a été instantané ?

Oui, cela a été instantané dans le cas de Maharaj, et dans celui de Ramana Maharshi. Mais je ne voudrais pas vous induire en erreur, il se peut qu’il existe plusieurs autres cas semblables non connus, de personnes qui n’occupent pas l’avant de la scène. La publicité n’a rien à voir avec l‘énévenement lui-même. Pour certaines raisons, un certain organisme, dans un certain cas d‘éveil, devient connu. Pour d’autres organismes, cela peut se produire et les choses suivront paisiblement leur cours. Ils savent, ils comprennent, mais ils ne sont pas concernés, parce qu’il n’y a plus de “ils”. La célébrité, la fortune et ce genre de choses, ce n’est pas leur affaire.
Dans mon propre cas, le processus n’a pas été aussi rapide que pour Maharaj. Mais cela a été plus doux, plus simple, j’imagine, que dans de nombreux autres cas. Du plus loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours eu ce sentiment intuitif que tout cela n’est qu’un rêve, et donc qu’il n‘était absolument pas en mon pouvoir d’accélérer la progression dans la vie, ou dans n’importe quelle direction.

Extrait du livre L’appel de l‘être (Éditions Le Relié)

jeudi 20 novembre 2008

• En tout lieu, à tout instant, tout est Esprit

Avadhuta Gita

Chapitre I

9

Oui, la pensée est semblable au ciel,
Oui, elle est sans limites,
Elle a tout franchi, elle est toute chose,
Mais la pensée n’existe pas,
Du point de vue de la réalité ultime.

12

L’Esprit, qui seul est partout sans cesse,
Jamais ne s’interrompt.
“Je suis celui qui médite, l’Ultime est ce qu’il faut méditer,”
Comment diviser ainsi l’indivisible ?

13

Tu n’as ni naissance ni mort,
Jamais tu n’as été ce corps.
“Tout est esprit”, c’est ce que disent partout,
De multiples façons, les Ecritures.

17

Ni naissance ni mort ni pensée pour toi n’existent,
Non plus que servitude et libération,
Bien et Mal.
Pourquoi donc gémir, mon enfant ?

20

Les Ecritures disent toutes que la Réalité
Est immatérielle, pure, immuable,
Sans corps physique, partout égale.
Je suis cette Réalité, sache-le, sans nul doute.

21

Ce qui a une forme est irréel, sache-le,
Seul le sans-forme est éternel.
C’est par la transmission de cette vérité
Qu’on ne connaît pas de renaissance.

23

Que signifie l’unité pour le non-être ?
Et que signifie l’unité pour l‘être ?
Être ou ne pas être, que signifie cela pour l’unité,
Si tout n’est que liberté ?

26

En vérité c’est en toi, et par ce que tu es,
Que tu remplis totalement toute chose.
Tu n’es ni celui qui médite ni la méditation, ni la pensée.
Comment méditer alors sans rougir ?

28

Je ne suis pas la Réalité, la Réalité est partout égale,
Rien ne l’incite à prendre forme.
Sans personne pour percevoir, sans rien à percevoir,
Comment être son propre objet de connaissance ?

30

Rien ne t’affecte, égale en toute chose est la Réalité,
Immatérielle, sans naissance, immuable.
Comment parler d’illusion, à propos de l’Esprit ?
Et comment dire encore : je suis dans l’illusion ?

32

Il n’est ni jarre ni espace contenu dans la jarre.
il n’est ni âme ni forme de l‘âme.
Vois clairement que seul existe l’Esprit,
Qu’on ne peut ni connaître ni faire connaître.

33

En tout lieu, à tout instant, tout est Esprit
Éternellement immuable,
Tout est vide et plein.
Sache que je suis cela, sans nul doute.

34

Ni Veda ni Mondes ni Dieux ni Sacrifices n’existent,
Ni castes ni conditions sociales ni famille ni race n’existent,
Ni voie obscure, ni voie lumineuse n’existent,
La réalité ultime a pour forme unique l’Esprit.

36

Certains inclinent à la non-dualité,
D’autres à la dualité.
Mais nul ne trouve la réalité égale en toute chose,
Qui n’est ni duelle ni non-duelle.

40

Ce que je fais, ce que je mange,
L’offrande que je verse, ce que je donne,
Rien de tout cela n’est à moi :
Rien ne m’affecte, je suis sans naissance,
Immuable.

45

Tout de cet univers m’apparaît n‘être rien.
Tout n’est qu’Esprit.
Que signifie appartenir à une caste, à un état ?

49

En effet, il n’existe pas de corps matériel,
Pas plus qu’immatériel.
En vérité, tout n’est qu’Esprit.
Que signifient les trois états de la conscience, et le quatrième ?

50

Je ne suis ni enchaîné ni libre,
Je ne suis pas différent de l’Esprit.
Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiaire,
Je ne suis pas plus présent qu’absent.

54

Je n’ai ni maître, ni enseignement,
Ni attribut ni action.
Sache que l’espace est immatériel.
Je suis pur par ce que je suis.

55

Tu es pur, tu n’es pas ce corps
Tu n’es pas la pensée.
“Je suis Esprit, réalité ultime”,
Tu n’as pas à rougir de le dire.

58

Connaître, ce n’est ni raisonner ni méditer,
Ce n’est ni affaire de temps et d’espace, ou
D’enseignement du maître.
Je suis pas nature toute-connaissance,
Réalité pareille au ciel, innée et immuable.

59

Je ne suis ni naissance ni mort,
Ni action bonne ou mauvaise.
L’Esprit est pur et sans forme.
En quoi servitude et libération me concernent-elles ?

61

Le monde m’apparaît tout entier
Dans son unité infrangible.
Oh ! La puissance d’illusion de la Magicienne
Qui a façonné dualité et non-dualité !

63

Tu n’as ni mère ni père, ni parent,
Pas plus qu‘épouse, enfant, ami,
Ni adhésion ni refus :
Pourquoi cette souffrance dans la pensée ?

66

Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiare,
Pour moi il n’y a d’action ni passée ni présente,
Pour moi il n’y a ni corps physique ni corps immatériel,
Pourquoi dirais-je : ceci est à moi, cela n’est pas à moi ?

71

Devoir, richesse, désir, libération,
Monde animé et inanimé, hommes,
Les sages considèrent tout cela
Comme un mirage.

72

Ni dans le passé, ni dans l’avenir, et ni non plus dans le présent,
Je n’accomplis d’action,
Je ne suis le bénéficiaire de rien,
Telle est ma pensée profonde.

Chapitre IV

14

Que je sois libre de mes sens ou ne le sois pas, qu’importe ?
Ni volonté, ni discipline n’ont pour moi d’existence.
Comment alors, Ô mon amie, parler de victoire ou de défaite ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.

20

Je ne suis pas fou, je ne suis pas sage,
Je ne suis jamais astreint à observer ou à briser le silence.
Comment puis-je émettre un doute ou un avis ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.

23

Sois certain que rien ne me trouble,
Sois certain que je suis au-delà de l’espace et du temps,
Sois certain qu’aucune émotion ne m’habite.
Ma nature est béatitude, je suis libre.

25

Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
Il n’est plus rien, plus rien, à désirer.
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
Que l’Avadhûta dit la réalité ultime.

Chapitre V

6

Ni espace dans la jarre, ni jarre,
Ni corps ni âme,
Nulle répartition entre cause et effet,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

9

Nulle distinction entre unité et division,
Nul effort pour réunir extérieur et intérieur,
Sans amis ni ennemis, Cela est partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

12

Ni incarné ni désincarné ne jouent,
Comment pourrais-je provoquer une action de vie ou de mort ?
Cela est pur, immaculé, partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

23

Nulle fusion entre libération et servitude,
Nulle fusion entre union et séparation,
Nulle fusion entre avis et doute,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

27

Cela est au delà du renoncement à l’Ordre-Désordre,
Au-delà du renoncement à la richesse-pauvreté,
Au-delà du renoncement au désir-attachement.
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

31

Les textes sacrés nous disent de mille façons
que tout cet univers, du ciel jusqu‘à la terre, n’est que l’eau d’un mirage.
Si tu es identique à l’Un, égale en toute chose,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

32

Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
il n’est plus rien, plus rien, à désirer,
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
que l’Avadhûta dit la réalité ultime.

Chapitre VI

9

C’est lorsqu’on est ni séparé ni uni que l’on est détaché.
C’est lorsqu’on n’a ni perceptions ni absence de perceptions
Que l’on perçoit.

10

Continuellement soumis à la connaissance-ignorance,
Comment s’affranchir de la dualité-non dualité ?
Comment, lorsqu’on est pleinement détaché,
Percevoir une saveur unique, immaculée ?

12

Immuablement libre de toute chose,
Libre de toute réalité,
Comment pour lui ici-bas y aurait-il vie, mort ?
Qu’y aurait-il à méditer ou non ?


Extraits de : Ma nature est béatitude, je suis libre - Editions Accarias L’Originel, trouvé sur le site (une vraie mine) memeplexe.com

mercredi 19 novembre 2008

• Observez la Présence vibrante dans le silence - Swami Shantânanda Puri

Swami Shantânanda Puri

Le jîvan-moukta, le libéré dès cette vie...

Demeure tel qu’il est.
N’est plus ici.
Est dénué de désirs.
Fait les choses sans effort.
N’est pas lié à un endroit particulier.
Demeure dans son Soi naturel et n’a pas de masque.
Est déjà Cela et demeure Cela.
Reste à tout moment relaxé au plus profond de son coeur.
Resplendit et semble ne pas avoir de corps.
Vit à la fois sur le plan absolu et relatif.
Connaît Cela par quoi tout est connu.
Est indifférent, parce que ce monde est un spectacle de magie.
Est celui dont le corps est dissous dans le néant.
Est celui qui a expérimenté les sens de toutes les Écritures.
A des éclairs d’inspiration de temps en temps, quand c’est nécessaire.
Est devenu tout. Il ne peut être troublé par quiconque.
Est Nirâlamba , n’a aucun support extérieur.
Ne va pas selon sa propre volonté, ni ne suit celle de quiconque.
Resplendit brillamment et n’a pas peur de la mort, qui est la peur ultime.
Est un expert en tout ce qu’il fait et n’est pas agité par quoi que ce soit.
N’est pas séduit par les objets du monde. Il n’a absolument rien à faire.
Est victorieux sur le chemin spirituel et est toujours dans la félicité ultime, l‘ânanda.
Ne fait jamais quoique ce soit de sa propre volition. Il sait trouver dans la vie la pleinitude de la joie.
Peut aussi aller dans des états émotionnels qui paraissent incontrôlés à cause de la Volonté divine.
N’a pas de pensées; celles-ci glissent indéfiniment les unes sur les autres comme des spaghettis…
Ne dit même pas : “Je suis Cela”, puisque dans le “Je suis Cela”, il y a dualité, celui qui voit et Cela.
Est libre des tentacules du mental. Il est celui dont le mental est libéré de toutes limitations.
Il est toujours éveillé, toujours vigilant, c’est le veilleur sur sa tour. Il vit et demeure dans son propre Soi.
Ne donne aucune attention à quoique ce soit. Quand il voit, et il ne voit rien. Il sait qu’il n’y a rien d’autre que lui.
Est un Mahâtma, un saint dont l‘âme s’est dilatée. Il trouve que le monde entier est en son propre Soi. Il y voit sa propre expansion.
Est celui qui ne parle jamais, même si il est engagé dans des conversations. Il est celui dont le savoir vient de la Source des sources, le Seigneur.
Est celui qui est calme même quand il est en colère.
Est celui qui n’a pas d’esprit ou de vibrations mentales. Il est dans l’unmani bhâva , là où il n’y a pas de mental. Toutes les souffrances l’ont quitté, et ce pour de bon.
Vit en pratique d’une façon naturelle comme un homme ordinaire. Il ne porte aucun masque et ne prend pas différents visages en différentes occasions. Il ne calcule pas, il n’a pas de but à atteindre en portant un masque. Tout ce qu’il fait, il le fait parfaitement. Il est toute conscience.

(Considérons ce qu’il y a ci-dessus à propos du jîvan-moukta comme une liste de points à vérifier, c’est un modèle établi pour nous afin de savoir où nous en sommes.)

L’absence de forme est la forme rélle de l‘âme réalisée.
C’est l‘énergie cosmique qui mène la danse et le jîvan-mouka est aussi utilisé par cette énergie.
Celui qui a retiré de son mental tout le rajas, la tendance à l’activisme, et le tamas, la tendance à la l'éthargie, est un jîvan-moukta .
Le mental d’un jîvan-moukta est toujours calme, il ne bouge pas. Quel que soit le bien ou le mal qui arrive, son mental reste sans mouvement. Il n’a pas la moindre vibration. Il n’y a pas de vibrations du tout dans son mental.
Il n’entreprend aucun travail de lui-même. Si par hasard, la Volonté divine, de façon programmée par la Totalité, un travail vient à lui, il l’effectue de la façon la plus simple qui soit.
Un être de connaissance, jnâni, accomplit une activité minima pour se maintenir lui-même.
Il est celui pour lequel toutes les portes sont ouvertes. Il a le passe-partout, en connaissant Cela par quoi tout est connu.
Suivre le chemin de la Connaissance, c’est marcher sur le fil de l‘épée — vous devez être attentifs.
La flûte de la connaissance chante à tout jamais dans votre coeur. Entendez-la et atteignez le suprême. Point n’est besoin d’efforts ou de pratiques. Le but ultime peut être atteint d’une façon dénuée d’efforts.
Toutes les pensées reviennent pour vous attraper.
C’est la toile des relations à l’intérieur de notre propre mental qui nous emprisonne.
Notre mental n’est qu’un employé de bureau. Maintenant, durant la minute qui vient, calmez votre mental.
Le mental doit être indifférent à propos de ces devoirs qu’il a faits ou oublié de faire.
Unmani avasthâ, c’est le non-mental : comme par un coup de baguette magique, l’océan du mental s’est désséché.
Nos pensées sont des pensées de critique. Toutes ces pensées qui viennent sont en lien avec le futur et représentent des critiques du présent. Soyez comme quelqu’un sans pensées.
Le chemin de la méditation, dhyâna, est le chemin le plus rapide.
Le jour où vous dépouillez votre mental de toute pensée, vous obtenez la Libération. Quand il n’y a rien à quoi se raccrocher, votre mental tombe de lui-même, comme quelqu’un à qui on ôterait ses béquilles.
Quand le sens de possession s’en va, le bonheur éternel arrive.
Le renoncement direct doit venir de l’intérieur (et pas des livres).
Reposez-vous complètement, soyez étbali dans le repos intégral. Devenez entièrement mûr, comme un fruit qui tombe de l’arbre; retirez-vous du monde.
Satyam, shivam sundaram, dit-on dans les Oupanishads : le Soi est vrai, bon et beau ; voyez toutes choses en tant que beauté.
Soyez ce que vous êtes; ôtez votre masque et demeurez seulement comme témoin.
Une méthode de yoga et de pratique: observez votre respiration et rentrez à l’intérieur.
Les chercheurs spirituels doivent faire très attention à ne pas transgresser de règles. Ils doivent être extrêmement alertes et vigilants.
La pratique de la recherche du Soi, “Qui suis-je ?” est faite pour ceux qui sont déjà prêts, pour ceux qui se sont déjà purifiés et sont mûrs.
Découvrez ce son qui est éternel et déjà présent ici, ce son qui n’est jamais épuisé, la mélodie du Brahman, la mélodie du Soi.
Il vous suffit de demeurer calme et silencieux pendant deux ou trois ans — sans pensées à l’intérieur, sans chanter etc., cela sera assez pour vous faire progresser sur le chemin spirituel.
La félicité finale, ânanda, est votre nature. Entrez dans le vide, le silence éternel où même la respiration est arrêtée, où tous les désirs, les vâsanâs sont déjà partis.
Restez dans votre propre compagnie en faisant face à votre Soi, protégez-vous comme une jeune pousse d’arbre. Point n’est besoin de vous enfuir dans la forêt pour atteindre le Suprême.
Faites monter la Kundalinî jusqu’au niveau du coeur et écoutez les sons variés, les mélodies divines qui sortent du silence quand l’ego s’en est allé. Voyez votre mental (tel qu’il est) et observez la Présence vibrante dans le silence.
Vikalpa signifie choix, nirvikalpa signifie une vie dépourvue de choix, où l’on accepte tout ce qui vient. Il n’y a pas de monde phénoménal et donc dans l‘état de nirvikalpa-samâdhi, le sage n’a pas de relations avec le monde et le monde ne peut pas l’atteindre de ses morsures. Dans cet état, il n’y a pas de différence entre lui et le monde, et tout est unité.
Le monde est créé par vous. Vous êtes la forme du monde — un tissu, une toile de relations. Celles-ci vous emprisonnent, coupez-les!
Tombez dans le silence; tombez dans le rien; tombez dans le vide; tombez dans la vacuité.
Celui qui est déjà bien préparé pour comprendre la vérité supérieure, quand il l’entend, se met immédiatement à éviter le monde et mène une vie d’homme tranquille. Il s’efface même au point de se comporter comme s’il était un simple d’esprit. Il est calme et à part, et ne se laisse pas impliquer dans les activités du monde.
Le chercheur spirituel qui se plaint des circonstances extérieures est pareil à un artisan qui se plaindrait de ses propres instruments.
Le yogui est un super-conducteur.
Vous pouvez réaliser l‘Être suprême dans le silence. Demeurer dans l‘éloquence du silence.
Ce sont les pensées qui nous poussent vers les actions. Après avoir été complètement épuisé par les choses du monde, résignez-vous au silence du mental; fatigué apr toutes les pensées, veznez-en au silence éternel.
Quand votre mental est pur, quand vous êtes vigilants et attentifs, ce qui ressort, c’est la voix du Seigneur qui vient dans votre silence absolu. Sphourana, l’expansion pure de conscience, l’intuition spirituelle se manifeste quand vous êtes inactifs.

Réflexions à propos de l’Ashtâvakra-Gîtâ, extrait de l’ouvrage Soi, l’expérience de l’absolu selon l’Ashtâvakra-Gîtâ (Éditions Accarias-L'originel).

mardi 18 novembre 2008

• L'accueil de l'évidence - Wayne Liquorman


Le sage voit que tout ce qui est, littéralement, est ceci, car Dieu n’a aucune existence ou qualité séparée ou mesurable indépendamment de Ce qui Est. Le monde est Dieu rendu manifeste.

Cependant, vous avez dit plus tôt que… “Il y a Compréhension là, et il m’arrive de me fâcher.”

Il n’y a pas Compréhension ici ( pointant vers son corps ), il y a Compréhension là ( geste de la main entre lui et les participants ). La Compréhension n’est pas localisée au sein du corps. Elle n’est pas fixée dans le corps. La compréhension est transcendante. C’est ce que je ne cesse de souligner. La conception erronnée, c’est qu’il y a une personne illuminée, un individu illuminé. (chuchottant) : il n’est point de personne illuminée. Et pour en terminer avec votre question, “l‘état de fâcherie” est une réponse du mécanisme corps-mental.

Alors, il n’y a aucune alétration de la personnalité?

Cela peut se produire. Comme dans tout événement au sein du phénoménal, il peut y avoir modification de la personnalité. Il y a sans cesse des ajustements de la personnalité au sein des mécanismes corps-mental. Cela arrive tout le temps. Mais cela n’a, néanmoins, rien à voir avec la Compréhension.

Etes-vous en train de dire qu’il n’est point de personnes illuminées, mais qu’il est des êtres illuminés?

Vous êtes en train de couper les cheveux en quatre. Des cheveux sémantiques. (rire) Je ne cesse de mettre l’accent sur ce qui va à l’opposé d’une personnalisation de l’Illumination qui en ferait quelque chose pouvant être possédé par un individu. Aussi longtemps qu’il y aura un individu voulant la Compréhension, il ne peut y avoir de Compréhension.

Alors, si l’individualité n’est plus là il y a illumination dans cette personne, cependant…

Eh bien, c’est là où ça devient délicat, car après l’avènement de la Compréhension il demeure une personnalité. Même s’il ne s’agit plus, comme l’explique Ramana Maharshi, que d’une trace d’une corde calcinée avec laquelle rien ne peut plus être lié. Si quelqun appelle Ramesh par son nom, il se retourne car il y a une personnalité là. Il y a présence d’une identité dans la mesure où le mécanisme corps-mental porte le nom Ramesh. Mais il n’y a là aucun sentiment de quelque nature que ce soit que Ramesh est l’auteur des actions survenant à travers Ramesh, quelles qu’elles puissent être. Et naturellement, de façon corollaire, il n’y a pas non plus l’idée qu’un “autre” puisse être l’auteur d’aucune des actions survenant à travers lui. Il ya Compréhension que tout ce qui est, est Conscience.

A un niveau plus élevé embrassant le fait que la Conscience mène le jeu et accomplit toutes choses, y-at-il moins d‘émotion? Il m’apparaît que la teneur émotionnelle de la réponse à ce qui se présente serait moindre, commencerait à s‘émousser.

La réponse émotionnelle est une fonction caractéristique du mécanisme corps-mental. Certains mécanismes sont émotionnels par nature et ils réagissent fortement à ce qui se passe autour d’eux. D’autres sont quasiment imperméables à ce qu’ils voient, et demeurent impassibles pratiquement en toutes occasions. Et je dirais que le sage est plus en phase avec Ce qui Est dans l’instant, car il n’y a pas de filtre du genre : “Oh, il s’agit seulement du fonctionnement impersonnel de la Totalité. Tout ça n’est qu’une illusion.” Il n’y a pas d’intellectualisation à l’oeuvre dans l’instant présent du sage. Tous les aspects du rêve sont bien réels dans le contexte du rêve. C’est immédiat, c’est maintenant, et c’est une expression de la Conscience une. Par conséquent le sage n’opère pas ce genre de distinction : “Oh, la réalité suprême est Dieu ou la Conscience, et ce monde une pâle vallée de larmes impermanente ne valant pas la peine qu’on lui accorde une attention quelconque car ce qui est vraiment important, c’est Dieu.” Le sage voit que tout ce qui est, littéralement, est ceci , car Dieu n’a aucune existence ou qualité séparée ou mesurable indépendamment de Ce qui Est. Le monde est Dieu rendu manifeste.

Fondamentalement il y a juste une réaction du sage à ce qui se passe?

Oui, une action pure, immédiate, un agir pur . Voilà pourquoi, quand un peu plus tôt, quelqu’un me demandait : “Que faisiez-vous lorsque votre regard faisait silencieusement le tour de la salle?” La réponse exacte est que je ne faisais rien. Cependant il y avait ce qui se passait, quoi que ce fut, sans aucun sentiment : “je suis en train de faire cela.” ou “Je n’aurais pas du faire cela.” ou encore : “j’aurais dû le faire mieux.” (rire)

Il semble que celui qui serait détenteur de la Compréhension perdrait aussi son sens de la culpabilité, car il cesserait de s’approprier ses actions.

Il n’est pas de “celui” pour être détenteur de la Compréhension. La Compréhension qui survient à travers un mécanisme corps-mental est non seulement la compréhension qu’il n’est aucun agir personnel mais également qu’il n’est personne là pour posséder cette compréhension! Cette survenue impersonnelle s’accompagne pour la psyché d’un évanouissement de tout sentiment de culpabilité et d’orgueil. On peut dire qu’il y a là une véritable humilité. L’humilité véritable, c’est savoir que “je ne suis pas l’agissant.”

Lorsque survient la Compréhension, il me semble que le mécanisme corps-mental qui reste doit être emprunt d’une sorte de regard impersonnel. Ne perd-t-il pas tout intérêt pour les trivialités quotidiennes?

Qui serait laissé dépourvu d’intérêt? C’est le coeur de la question. Qui est ce “qui” auquel vous prêtez l’Illumination?

Intellectuellement je saisis parfaitement ce que vous voulez dire. Ce que j’essaie de souligner, c’est que le mécanisme corps-mental qui demeure après une telle survenue serait en proie à un profond boulversement dans sa façon de considérer le quotidien. Il semble qu’il devrait y avoir un effet sur notre façon de voir les choses. Je veux dire, comment prendre encore quoi que ce soit au sérieux?

La survenue de la Compréhension, – synonyme de la disparition de tout sens d’un agir personnel, – modifie-t-elle plus avant la programmation du mécanisme corps-mental à travers lequel Elle se manifeste? Ce n’est pas impossible mais il n’y a aucune règle attachée à cela. Nous pourrions dire que c’est affaire de destinée ou d’actualisation quantique. Ce qui est constant cependant c’est l’effacement au second plan du mental ratiocinant qui ne parasite plus les opérations du mental pragmatique et l’absence d’implication horizontale et de jugement. Cela peut bien sûr affecter le regard porté par un corps-mental sur ce qui l’entoure. Mais le mécanisme de sa réponse aux sollicitations va rester le même : si le mécanisme corps-mental est emprunt de sérieux, est attaché à certaines valeurs, il répondra en fonction de ses traits particuliers.
Il n’y a pas plus de choix opéré par le mécanisme corps-mental d’un jnani que par un mécanisme corps-mental en proie au sentiment d’un agir personnel. La seule différence, c’est que chez un organisme corps-mental à travers lequel ne s’est pas manifestée la Compréhension, il règne l’illusion d’une capacité de choix. Si votre question présumait que le jnani choisira d’agir différemment en fonction d’une connaissance neuve, il n’en est rien. Le jnani ne choisit pas: la réponse aux stimulis auxquels il se trouve exposé sera dictée par le même mécanisme qu’auparavant.

Est-il possible que le mécanisme corps-mental du sage se situe quelque part sur le bras du pendule plutôt qu‘être positionné en son axe?

Nous mélangeons ici les métaphores. Ce qui chevauche le bras du pendule, c’est le sens d’un agir personnel. Le mécanisme corps-mental, bien sûr, opère au sein du phénoménal et fait partie de l’ensemble du mouvement. En vérité, je n’avais encore jamais pensé à la chose sous cet angle, mais je suppose que vous pourriez dire que le mouvement du mécanisme corps-mental est le mouvement pendulaire — que c’est ce fonctionnement dans le phénoménal. Ce qui est absent chez le sage, c’est tout sentiment d’agir personnel. Ce n’est tout simplement pas là. Il n’y a donc rien pour s‘élever dans l’expérience d’une conscience des choses impersonnelles ou choisir dans l’expérience de l’implication. Ce n’est plus là, point.

Extrait de L’accueil de l‘évidence , P. 198-201 – Editions Accarias L’Originel.

samedi 15 novembre 2008

• Never Not Here

Richard

Welcome to Never Not Here.
This show is our way to take a fresh new look at the world,
and maybe to find out more about life than we've ever imagined.


Pour faire suite à mon 'post' du 20 septembre dernier, mais hélàs réservé uniquement aux Anglophones, sachez qu'il existe également un site où l'on peux regarder de nombreuses vidéos (toujours en Anglais) de divers enseignants de la non-dualité, tels que : Florian, Julia Schlosser, Arunachala Ramana, Elizabeth MacDonald, Mooji, Jeannie Zandi, John Gehrke, Bhagwan Ra Afrika, Marlies Cocheret, Stephan Bodian, Richard Lang, John Gehrke, Jeff Foster, Sundance Burke, Katie Davis, Alice Gardner, Neelam, Pamela Wilson, Joan Tollifson, Isaac Shapiro, John Taylor, Prakash, John Sherman, Nirmala , et d'autres à venir...
Le site s'appelle Never Not Here
Couleur du texte

vendredi 14 novembre 2008

• La nature de l'éveil est la véritable nature de notre esprit

Concernant la nature de l'esprit il est dit :


Qu'aucun mot ne peut la décrire,
qu'aucun exemple ne peut la désigner,
le samsara ne peut la dégrader,
le nirvana ne peut l'améliorer,
elle n'est jamais née,
elle n'a jamais cessé,
elle n'a jamais été libérée,
elle n'a jamais été victime de l'illusion,
elle n'a jamais existé,
elle n'a jamais été inexistante,
elle ne connait aucune limite,
on ne peut la ranger dans aucune catégorie.

Il est dit encore :

Profonde et tranquille, libre de toute complexité,
clarté lumineuse non composée,
par delà l'esprit conceptuel ;
telle est la profondeur de l'esprit des Victorieux,
en elle, rien à enlever,
nul besoin de rien rajouter,
c'est simplement l'immaculé
contemplant sa propre nature.

et enfin :

Elle est trop proche de nous pour que nous puissions la reconnaitre.
Elle est trop profonde pour que nous puissions la concevoir.
Nous avons aucune idée de sa profondeur.
Elle est trop simple pour que nous y croyions.
Nous ne pouvons simplement pas y croire,
pas plus que nous ne pouvons imaginer que l'eveil
est la véritable nature de notre esprit.

Extraits du Livre tibétain de la vie et de la mort (Livre de poche)

jeudi 13 novembre 2008

• Ce bien être infini qui me submerge et me transcende

Bonjour à vous tous et tout d'abord merci aux créateurs de ce forum ! Quelle idée "lumineuse"!
C'est un endroit ou l'on peut confier des choses qui ne sont pas révélables à beaucoup de personnes... Merci donc.

Voilà, je souhaitais vous faire part de ce qui m'est arrivé il y a de cela un mois à la suite d'une rencontre forte avec une personne qui animait une formation.

Cette année, la trente troisième de mon existence, ma vie a changé.

En l’espace d’un week-end, j’ai senti des choses, au premier abord, assez bizarres, comme des « connections » qui se faisaient dans mon Etre, connections entre différentes situations de ma vie, des paroles échangées ça et là, un livre que l’on m’a prêté et que je n’ai pas lu, la révélation du sens de textes, de paraboles. J’ai revu dans ma tête toutes les rencontres qui ont compté dans ma vie et tout s’assemblait d’un coup dans une grande cohérence.

Ces "connections" se sont faites en permanence, cette perception, est réellement indescriptible par des mots et pour autant, elles n'a rien de virtuel. Comme si des millions de pièces d'un grand puzzle, d'une équation géante, celle de ma vie, se mettaient toutes, d'un coup, en cohérence. Je trouvais un sens à chaque chose, tout se décryptait : une vrai tornade mystique s'emparait de moi. Je sentis alors mon Etre faire surface, je ne sais si c'est cela la Conscience, l'Esprit ou encore l’Eveil, être rempli du Tout.
Je me mets alors et sans même y penser, à décoder les paroles de chansons que pourtant je connaissais par cœur et qui se mettent d’un coup à faire Sens, des paraboles de la Bible m'apparaissent réelles, une conversation avec une personne y a plus de 10 ans raisonne en moi et d'un coup, je Sais, je Vois, je Sens. Je Vis et ressens la cohérence universelle, tout s'explique. Je me sens inondé d'une douce lumière qui m'anime et éclaire autour de moi, mes proches, les passants, la caissière du péage, l'enfant qui joue, cette belle femme enfoulardée dont je croise le regard souriant dans une salle d'attente de la Mairie. Je vois l'infinie beauté des choses, des éléments, des personnes qui m'entourent. Tout cela m'enivre, me submerge. Je me demande ce qui m’arrive, et en même temps, je ne pense même pas à ce que je vis, je me contente de le vivre sans plus réfléchir.

Les sentiments sombres qui me passaient par la tête (et depuis toujours) lorsque que j'écoutais tel ami me confier ses difficultés avec son enfant, tel couple me livrer la période trouble qu'ils vivent actuellement... Vous savez, ces sentiments indicibles, inavouables même à sa compagne de toujours et qui empruntent à l'orgueil, au narcissisme ; la joie malsaine de ne pas vivre la situation délicate d'un être cher, ou de se savoir à l'abri de problème que l'on nous confie, la jalousie encore…tous ces sentiments instantanés qui me traversaient tels des fulgurances, et pour autant qui me faisaient culpabiliser de les avoir ressentis même aussi furtivement. D'un coup, tout cela n'est plus. Je ne les ressens plus ou alors, parfois je les vois devant moi, je les regarde comme s’ils m’étaient extérieurs…et ils s’en vont, sans m’atteindre. Rien que cela, c’est une sensation vraiment incroyable (j’en viens à me dire qu’en dehors de mon épouse, je ne peux partager cela avec personne, on me prendrait pour un fou !).

Je me sens d’un coup en paix avec le monde, je n'ai plus envie de changer quoique se soit ni qui que se soit, plus envie de convaincre, juste continuer à naître à moi-même, à sentir ce bien être infini qui me submerge et me transcende.

Le samedi, mon père avec qui la relation a toujours été réduite à son strict minimum, m'a demandé, au terme d'une bouleversante conversation, si je souhaitais passer 2-3 jours avec lui. J'en suis resté bouche bée et dans le même temps un sentiment de sérénité intense m'a envahi car je sentais que cette situation était la résultante de ma « naissance ».

Dans les jours qui ont suivi, je suis redescendu un peu de cet état. Mais, quotidiennement, et sur les conseils de cette personne que j’ai rencontrée, j’ai continué à « respirer » 2 ou 3 fois par jours pour me recentrer sur moi, cette simple pratique est d’ailleurs aujourd’hui indispensable. Cette expérience ne m’a pas permise, dans un premier temps, de revenir à cet état de Grâce et de Vérité que j’avais ressenti. Mais il y a quelques jours, un nouveau phénomène s’est produit, je ne sais trop pourquoi ni comment d’ailleurs…
A nouveau, je ressens tout cela, mais de manière permanente. J’ai le sentiment que rien ne peut plus m’éloigner de cet état de conscience, comme un aveugle qui ouvre les yeux pour la première fois, situation irréversible.
J’ai envie de donner de la joie à tout le monde. Mon regard sur mes amis, ma famille, et surtout mes enfants a totalement changé.
Je me sens calme, heureux et joyeux à leur égard, je deviens infiniment patient, ne m’emporte plus que très rarement…J’accomplis des travaux ou tâches ménagères avec concentration et plaisir (qui l’eut cru ?), le bonheur d’être tout simplement absorbé par ce que je fais, d’être centré sur mes mouvements et gestes. Je me prends à remercier le soleil pour ses rayons, à m’arrêter pour contempler un paysage ou écouter un bruit, sentir le vent…Je suis à la fois étonnée de découvrir cela et surpris de l’extrême simplicité de la chose….

Les gens me disent à leur manière qu’ils sont témoin d’un changement en moi sans pour autant pouvoir mesurer combien ils sont dans le vrai.
Cette personne donc, m’avait dit, me faisant part de son expérience : « ce n’est pas facile, mais c’est simple ». Je mesure pleinement aujourd’hui ce que signifiaient ces mots.
Depuis, je n’ai jamais été autant dans le réel, dans le partage, dans la joie, l’amour et la paix et pour autant, j’ai le sentiment d’être dans un autre monde, déconnecté de toute pollution et connecté à chaque personne, animal ou élément que mon regard croise.
Je suis heureux de vous avoir confié cela, vous que je ne connais pas.
Je vous remercie de m’avoir lu.
Bonne et joyeuse soirée à vous tous qui me lirez.

lundi 10 novembre 2008

• La totalité de mon être était en train de se dissoudre - Bahauddin Naqshbandi


En chacun de nous existe un lieu qui est demeuré innocent, qui n'est ni corrompu ni affecté par le monde. Nous devons découvrir ce lieu très délicat. C'est un lieu très sensible, c'est là que nous ressentons l'amour, là que s'éveillent la tendresse et la compassion désintéressées. Ce lieu est l'ouverture dans laquelle nous devons tomber, pour y disparaître à jamais.
Andrew Cohen

Un jour, j'étais assis dans la Mosquée de Rivartun, adossé à l'une des colonnes, regardant vers la q'ibla. Je fus soudain saisi par un état particulier qui prit possession de tout mon corps et j'avais l'impression que l
a totalité de mon être était en train de se dissoudre.
Je perdis conscience, car je ne sais pas combien de temps s'était écoulé, lorsque j'entendis en moi une voix me dire :

- Sache que tu as atteint le but.

Bahauddin Naqshbandi

mercredi 5 novembre 2008

• L'esprit doit constamment se tourner vers le réel qui est Dieu

L'esprit doit constamment se tourner
vers le réel qui est Dieu
Bahauddin Naqshbandi

"Sois présent à chaque souffle.
Ne laisse pas ton attention s'égarer,
ne serait-ce que le temps d'un soupir.

Rappelle-toi toi-même en toute situation."


Zikr-i-daïm, ou prière perpétuelle du coeur : prière sans mot et au-delà de toutes les formes de religion. Cette technique du Zikr s’accompagne d’un processus respiratoire assez difficile mais d’une réelle efficacité, qui a pour but le transfert de l’action du Zikr au corps subtil. L’air que nous respirons apporte la nourriture nécessaire au second corps de l’homme : le corps de l’âme. Par ce processus, celui-ci devient plus perceptif, plus effectif et acquiert une consistance réelle.
Zikr signifie souvenir de Dieu. Sa pratique permet de se rappeler Dieu, et ainsi de se rapprocher de lui : elle a pour effet de fortifier l’âme en lui donnant le courage de parcourir le chemin de la Perfection.

EXTRAITS :

Lors d'un voyage que je fis en Turquie en 1976, je rencontrai le Soufi Hasan Shushud, considéré comme un Soufi accompli, et qui vivait à Istanbul.

Le contact que j'eus avec lui fut d'une extrême simplicité, et de sa personne émanaient une telle humilité et une telle bonté qu'un sentiment de gratitude se soulevait en vous. Il avait alors environ 80 ans, et son physique paraissait très fragile mais il se dégageait de sa présence une telle dimension que tout à coup la réalité du monde intangible devenait pour vous une évidence.

LE ZIKR

Hasan Shushud, lors de l'initiation, m'enseigna le Zikr-i-daïm, ou prière perpétuelle du cœur ; prière sans mot et au-delà de toutes les formes de religion. Cette technique du Zikr s'accompagne d'un processus respiratoire assez difficile mais d'une réelle efficacité, qui a pour but le transfert de l'action du Zikr au corps subtil. L'air que nous respirons apporte la nourriture nécessaire au second corps de l'homme : le corps de l'âme. Par ce processus, celui-ci devient plus perceptif, plus effectif et acquiert une consistance réelle.

Zikr signifie souvenir de Dieu. Sa pratique permet de se rappeler Dieu, et ainsi de se rapprocher de lui ; elle a pour effet de fortifier l'âme en lui donnant le courage de parcourir le chemin de la Perfection. La répétition du Zikr fortifie la volonté et la concentration et procure à l'âme détente et joie. Elle permet aussi de pénétrer le vrai sens de la prière et, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, de se remémorer Dieu, même s'il ne s'agit que d'un court instant.

Voici quelques paroles des Maîtres de Sagesse concernant la pratique du Zikr.
Khwaja Aladin Ata disait : « Le nombre de fois que vous répétez le Zikr n'est pas très important, ce qui compte c'est que vous le fassiez avec présence et conscience. »
Khwaja Avliya précisait : « Cela consiste à être si profondément occupé à son propre Zikr que l'on peut se promener sur la place du marché sans avoir conscience du moindre bruit. »
Khwaja Bahauddin demanda à Khwaja Azizan : « — Puisque Dieu nous a ordonné de prier continuellement, nous faisons le Zikr perpétuel. Est-ce simplement une répétition verbale, ou ce Zikr vient-il du cœur ?
Khwaja Azizan lui répondit : — Le Zikr commence avec la langue et finit avec le cœur. »

Hasan Shushud me disait que, non seulement le Zikr permettait d'acquérir de l'énergie, mais qu'il aidait aussi à prolonger la vie.
Gurdjieff, dans la troisième série de ses écrits, La vie n'est réelle que lorsque je suis, nous parle de la longévité comme étant le problème humain le plus important.
Il écrit : « Un homme doit être capable de vivre aussi longtemps qu'il est nécessaire pour suivre sa mission sur cette terre afin de compléter le corps de son être supérieur et d'atteindre la raison objective. »

L'ASIE CENTRALE

Lors de cette rencontre, Hasan Shushud me remit une copie de son manuscrit Hacegan Hanedani, qui est l'histoire des Maîtres de Sagesse de l'Asie Centrale, et qui contient un récit de la voie de l'«Absolue Réalisation» : ITLAQ-YOLU, dont il est un représentant remarquable.

Un an plus tard, je fis un voyage en Asie Centrale : Tachkent, Boukhara, Samarkand, Khiva, sur les lieux même des Maîtres de Sagesse, région actuelle de l'Ouzbékistan.
Dans son livre Rencontres avec des Hommes Remarquables, Gurdjieff nous dit : « C'est sur les rives de l'Amou-Daria, connu jadis sous le nom d'Oxus et adoré comme un Dieu par certains peuples d'Asie Centrale, qu'apparut, pour la première fois sur la terre, le germe de la culture contemporaine. »

Gurdjieff disait que l'essence de l'Islam ne se trouve ni à la Mecque ni à Médine mais à Boukhara, où le sens véritable de la religion a été conservé. C'est au prix de grandes difficultés et usant de toutes sortes de ruses qu'il avait réussi à s'introduire à La Mecque et à Médine, inaccessible aux Chrétiens, avec l'espoir d'accéder à ce qu'il y a de plus secret dans cette religion.
Gurdjieff écrit : « Mais mes efforts avaient été vains, je n'y avais rien trouvé. Je m'étais seulement rendu compte que, s'il y avait quelque chose à découvrir au cœur de cette religion, ce n'était pas là qu'il fallait le chercher, comme on le croit et l'affirme en général, mais à Boukhara où avaient été concentrés dès le début tous les éléments de la doctrine secrète de cette religion : Boukhara était donc le centre et la source même de l'Islam. »

La voie de l'Itlaq, Éditions Charles Antoni - l'Originel