samedi 31 mai 2008

• Le vous véritable - Don Miguel Ruiz

Le vous véritable

Don Miguel Ruiz

Un accident de voiture, qui fut si grave que je faillis perdre la vie, fut une autre occasion qui me fut offerte de rencontrer la vérité. Il n’y a pas de mots pour expliquer ce que j’ai éprouvé, mais la vérité rendit évident que ce en quoi je croyais était un mensonge. Comme la plupart des gens, je croyais que j’étais mon mental, mon corps physique. Je vis dans mon corps physique ; c’est ma demeure, et je peux la toucher. Dans mon expérience du seuil de la mort, je pouvais voir mon corps physique endormi au volant de ma voiture. Si je percevais mon corps physique de l’extérieur de mon corps, il était évident que je n’étais pas mon mental, ni mon corps physique. La question devint alors : Qui suis Je ? À partir du moment où je fis ce face à face avec la mort, je commençai à percevoir une autre réalité. Mon attention s’élargit tant qu’il n’y eut plus ni futur ni passé ; il y avait seulement le maintenant éternel. La lumière était partout, et tout était plein de lumière. Je pouvais sentir ma perception traverser ces différentes réalités, jusqu’à ce que je recouvre l’attention, et sois en mesure de me concentrer sur un univers à la fois. J’étais dans la lumière, et c’était un moment de conscience totale, de perception pure. A un certain moment, je sus que la lumière a toute l’information au sujet de toute chose, et que tout est vivant. Je peux dire que j’étais avec Dieu, que j’étais dans la béatitude, que j’étais dans un état d’extase, mais ce ne sont que des mots que je connais.

Après l’accident, ma perception du monde changea encore, parce que je savais, d’une façon plus que théorique, que je ne suis pas ce corps physique. Et je commençai une quête qui était différente de ma quête avant l’accident.

Avant l’accident, je cherchais la perfection, une image pour satisfaire le personnage principal de mon histoire. Après l’accident, je sus que ce que je cherchais était quelque chose que j’avais perdu : moi-même.

Après cette expérience, je ne fus plus le même, parce que je ne pouvais plus croire à mon histoire.

.../...

Derrière votre histoire, il y a le vous véritable, et il est plein d’amour. La bonté est juste là, parce que ce que vous êtes est bonté. Vous n’avez pas à essayer d’être bon ; vous devez juste cesser de prétendre être ce que vous n’êtes pas. Vous êtes un avec Dieu, et cette union est sans effort. Dieu est ici, et vous pouvez sentir la présence de Dieu. Bien sûr, si vous ne ressentez pas la présence de Dieu, vous devez vous détacher de l’histoire, parce que la seule chose qui s’interpose entre vous et Dieu, c’est votre histoire.

Quand vous vous êtes vous-même trouvé, que vous avez découvert qui vous êtes vraiment, vous ne pouvez expliquer ce que vous êtes, parce qu’il n’y a pas de mots pour le traduire. Si vous utilisez la connaissance, vous ne savez jamais qui vous êtes, mais vous savez ce que vous êtes parce que vous existez. Vous êtes vivant, et vous n’avez pas besoin de justifier votre existence.


Extraits de "La voix de la connaissance : Un guide pratique vers la paix intérieure" - Don Miguel Ruiz - Guy Trédaniel Éditeur

vendredi 30 mai 2008

• Les portes du Paradis s’ouvrent - Stephen Jourdain

Les portes du Paradis s’ouvrent

Stephen Jourdain

"Ça ne vous est jamais arrivé, de vous promener dans une rue, et puis tout à coup, ce n’est plus dans une rue que vous êtes, c’est La Rue, tout vous arrive précédé de l’article défini, et se met comme à briller, et un extraordinaire bonheur fondant et bourdonnant est là, avec l’impression qu’il y a des siècles que vous vivez cette seconde, qui durera toujours ?

Je regarde le nuage...

Et soudain il se passe cette chose fantastique, et, pour une seconde ou deux, les portes du Paradis s’ouvrent : soudain, la substance du nuage change, il se transmue en un pan d’une matière inconnue, angélique — barbe-à-papa spirituelle ? Intériorité faite talc ?...; en même temps, l’intervalle entre lui et moi meurt — le nuage devient vivant, s’anime d’une vie immense. Cette vie m’aime ; cette vie, avec laquelle mon esprit (où Je est étrangement évident) communique directement, m’aime d’un amour infini et me le dit. Et dans cette voix, oh fabuleux bonheur ! Je reconnais la mienne, JE SUIS LE NUAGE.

(...)

(La dernière fois que ça m’est arrivé, c’était avant ; dans le métro, à six heures du matin, en rentrant de surboum.)

J’étais réveillé depuis un bon bout de temps, mais l’idée : “je suis réveillé” ne m’était pas, cette fois-là, venue. Et cette veille innocente gardait la spontanéité du rêve, elle courant, courait sans frein, vive et pure, s’incarnant en une cascade de pensées menues (mais était-ce exactement des pensées ?), mince et solitaire ruisseau d’or dévalant sans un bruit, gaiement, au coeur des ténèbres.

A un moment, la conscience “je veille” est venue me visiter au fond de cet or, doucement et silencieusement, comme un flocon de neige vous arrive sur la joue; sans rompre le charme, sans que certaines machineries se remettent en marche, sans rien altérer.

Et instantanément, de cette veille qui se redoublait, j’ai glissé dans la clarté incroyablement intense et douce, sans âge, abyssalement centrale d’une perception nouvelle de mon propre fait — saisie miraculeuse, sans fin, de l’essence “moi” par elle-même, conscience, connaissance d’être, existence, ineffable “moi-ité”, merveille.

(Ce pourrait être une description de “l’éveil”. Pourtant, je dois l’affirmer, il ne s’agissait encore que d’un “instant”, d’un état; sans commune mesure ni commune nature avec cet avènement intraduisible: l’usage véritable de la faculté de conscience.)

L’EVEIL

C’était le soir, j’étais dans ma chambre, allongé dans l’obscurité, et je tournais et retournais dans ma tête depuis un long moment, probablement depuis une demi-heure, la petite phrase du Cogito de Descartes: “Je pense, donc je suis”. Il m’avait semblé, dans les jours précédents, entrevoir une prodigieuse vérité dans cette petite phrase, et j’essayais de retrouver cette vérité entrevue dans un éclair. Je réfléchissais depuis très longtemps, en me répétant inlassablement: “je pense, donc je suis”, et en faisant chaque fois le voyage depuis la réalité vivante qui en moi-même correspondait à “je pense” et “je suis” jusqu’à ce que ces mots, pour les charger, dans la petite phrase, de leur vrai sens. En m’efforçant de penser le Cogito avec ma vie. C’était un travail très difficile, j’étais épuisé, le déclic qui m’aurait révélé la signification mystérieuse de la phrase ne se produit pas, mais, à un certain moment, un autre déclic, que je n’attendais pas, a dû jouer. [Un ressort secret qui devait être enfoui dans la conscience humaine depuis la Création, qui attendait son heure et que je viens d’effleurer par hasard.]. Et l’événement s’est produit, avec une soudaineté surnaturelle.

Et tout d’un coup je me suis retrouvé dans un avant, un commencement insoupçonné de moi-même, veillant d’une veille sans limite, me sachant — et me sachant me sachant — et me sachant me sachant me sachant: à l’infini, et m’éprouvant totalement identique à cette veille, cet abîme d’auto-conscience, qui n’était point chose qui m’était donnée, mais au contraire qu’essentiellement je ne subissais pas, faisais moi-même brûler.

[Et puis vlan ! Quelque divinité, dans le royaume métaphysique, a tripoté un bouton, je me suis retourné comme un gant, et déjà cette chose insensée était là au milieu de moi, comme un membre vivant à la place d’une prothèse.]

A brûle-pourpoint, je glisse dans une lucidité sans nom, achèvement inouï de l’aurore qu’on nomme conscience de soi. Cette lumière n’est pas un état passivement subi: c’est un acte que désormais je sais accomplir. Elle n’est point non plus, à proprement parler, une expérience que je fais : elle est moi, elle est exactement Steve Jourdain".

Sources du texte : Revue 3ème millénaire, No 5, juin 1987, pp. 16-17, trouvé sur le site de Serge Car.

jeudi 29 mai 2008

• Tout en ce monde est Conscience - Raphael

Tout en ce monde est Conscience

Raphael

La Conscience, c'est toi ! Tu n'as besoin de l'autorisation de personne pour vivre un état de conscience. Tu es l'écran et tu es la lumière qui fait apparaître des images sur l'écran.

Rphael est le fondateur de l'ashram Vidya à Rome en Italie, qui est un espace permettant l'enseignement de la Tradition* antique inspirée de l'Orient et de l'Occident. Sa voie est celle de l'asparsha-yoga ; la voie sans support. Après 35 ans d'enseignement, il s'est retiré dans l'ermitage de l'Academia Ordo Rael construit sur les contreforts des Monts Apennins où il se dévoue entièrement au silence.
Raphael est un auteur et un enseignant des Traditions métaphysiques occidentale et védantique orientale. Il a traduit et commenté un grand nombre de textes grecs (comme Plotin) et védantiques majeurs (nombreuses oeuvres de Shankara et plusieurs Upanishad). Toute son oeuvre constitue une réunification consciente des Traditions Occidentales et Orientales en Une Tradition de la Métaphysique.

Dioalogue avec Raphaël

Question (Q) : Quel a été l'objet de votre quête ? Avez-vous rencontré ou suivi un maître ?

Raphael (R) : Eh bien, fort heureusement, dans cette incarnation-ci, je n'étais absolument pas en quête de quoi que ce soit. De toute évidence, j'ai cherché au cours d'incarnations passées !

Dans cette incarnation-ci, ce qui peut être défini comme étant un état de conscience, n'est apparu à ce plan d'existence que pour se trouver dévoilé en toute innocence. Mais surtout, cet état de conscience est venu pour dévoiler les Grands Mystères ou Paravidya (Connaissance métaphysique ou suprême). Car de temps à autres, un être naît en cette dimension pour perpétuer la Tradition. Sans cela, la Tradition n'existerait peut-être même plus.

Ces états de conscience apparaissent à cette dimension car leur 'tâche' dirions nous, est d'enseigner, et donc, en termes orientaux, nous pourrions dire que ce sont des gourou (maître spirituel). Néanmoins, ma position est un peu différente, car je ne suis pas venu dans le but d'avoir des disciples. Si quelqu'un désire être guidé ; je peux l'aider. Mais mon dharma (ce que l'on réalise dans la vie et donc en fonction du karma) est de permettre à des êtres tels que Shankara, Gaudapada, Platon, Plotin, Parménide, de s'exprimer et d'être entendus à nouveau. Ainsi, mon image est mise de coté afin que ces êtres, ces autres états de conscience s'expriment. Mon rôle n'est pas de fonder un ashram en mon nom, mais plutôt de perpétuer cette connaissance qui fait particulièrement défaut en Occident. Concernant mon âge physique, j'ai su ce que je devais faire dès mes vingt ans. Ainsi, cette incarnation particulière n'a éprouvé aucun problème de sadhana (pratique spirituelle), aucune difficulté à comprendre certains enseignements, aucun problème d'ascension ou de réalisation, car tout cela avait déjà été accompli.

Q : Ce que vous nommez " état de conscience " correspond-il à ce que l'on considère comme la personne ?

R : Tout en ce monde est Conscience, et un état de conscience est un moyen de dévoiler les possibilités qui existent au sein de celle-ci. Ainsi, Raphael est un état de conscience ; vous aussi, vous êtes un état de conscience qui doit être dévoilé.

Q : En somme, tout est Conscience, mais au sein de cette Conscience apparaissent différents mouvements. Est-ce une bonne explication ?

R : Nous pouvons dire que la Conscience est unique, ou Une, et exprimée à travers les guna (Attributs de la substance universelle. Au nombre de trois, ils sont à la base de la manifestation : sattva (l'équilibre), rajas (l'activité) et tamas (l'inertie)). La capacité d'expression que détient la Conscience est plus ou moins grande selon le degré d'équilibre des guna. La Conscience a une possibilité d'expression bien moindre dans un arbre ou dans un animal. C'est la forme qui impose une limitation à ces états de Conscience, ou de présence aux choses. La Réalisation rompt avec toutes ces limitations ou couches qui recouvrent la Conscience et voilent toute sa majesté. La Conscience est partout, jusque dans le règne minéral. Dans l'être humain, elle a, bien sûr, une plus grande capacité d'expression. Dans un deva, c'est-à-dire dans un être de niveau supérieur, elle se révèle à travers anandamayakosha (enveloppe de béatitude) et dispose ainsi de possibilités bien plus étendues. Selon le vedanta, nous disposons de cinq véhicules, ou instruments, qui rendent possible le contact avec le reste du monde. Ceux-ci s'étendent depuis le niveau physique grossier jusqu'au plus subtil, qui est ananda ou béatitude. Tout ceci est également ce que l'on recherchait dans la Grèce et l'Egypte Antiques. Rien ne change. Seule une appellation différente est donnée à ces états, mais la connaissance fondamentale demeure exactement la même.

Q : Êtes-vous déjà allé en Inde ?

R : Non, jamais. L'ambassadeur de l'Inde à Rome, Apa Pant, m'a plusieurs fois invité à me rendre en Inde. A chaque fois, je répondais : " J'irai tôt ou tard ... Un de ces jours, j'irai là-bas. " Cinq ou six personnes sont récemment allées en Inde pour moi, toutes chargées de rapporter des documents. Ceci dit, la Connaissance se situe au-delà de l'espace ; nous sommes tous les enfants de la même dimension. Car la Connaissance n'est pas quelque chose de localisé ici ou là qu'on ne peut trouver qu'à un point bien précis. La Connaissance est telle le soleil qui brille au firmament. Un certain nombre de swami (hommes religieux) m'ont invité à me rendre en Inde pour visiter leurs ashram, même les math (monastères) fondés par Shankara m'ont récemment invité, et j'ai répondu : " J'irai ".

Q : Finalement, qu'avez-vous trouvé ?

R : Comme je vous l'ai dit, il n'y a eu aucune quête lors de cette vie-ci.

Q : Diriez-vous que vous êtes né réalisé ?

R : Cet état de Conscience particulier n'a pas d'ego qui puisse dire, " je suis réalisé ". Ce sont les autres qui sont en mesure de le définir comme réalisé ou pas. Lorsque j'étais très jeune, mes frères et soeurs sur la voie ne cessaient de me dire que j'étais né vieux. Cependant, pour ma part, je me trouvais tout à fait normal, absolument comme tout le monde. D'autres disaient : " Vous êtes un philosophe " et je répondais : " Je ne crois pas, je dis simplement les choses que j'ai envie de dire ". Tout est si beau !

.../...

Q : Lorsque vous pensez à vous-même, ou lorsque vous dites " je ", quelle notion avez-vous de vous-même ? A quoi se rapporte ce " je " ?

R : Nous disions précédemment que je suis un état de conscience. Un état de conscience ne peut pas dire, " je suis ceci ", " je ne suis pas cela ", " je suis réalisé ", " je ne suis pas réalisé ". Un état de conscience est totalement impersonnel. L'ego ou le " je " apparaît à partir du moment où il y a identification, par le jeu du reflet de la Conscience, avec un corps physique qui dit, " je suis ceci ". Ce " je " dira : " je suis le corps ", " je suis sentiment ", " je suis émotion ", " je suis pensée ". En France, vous avez Descartes avec son très célèbre cogito : " je pense, donc je suis ", " je doute, donc je suis ". La Tradition va dans un sens radicalement opposé à ce point de vue, qu'elle retourne en : " Je suis, donc je pense ". Si vous vous identifiez à un véhicule, vous perdez votre identité. Tout comme dans le mythe de Narcisse, où Narcisse se reflétant dans l'eau, aperçut son image, en tomba amoureux, tomba à l'eau et mourut. Même en Occident nous avons ces symboles chargés de signification très importants du point de vue de la réalisation. Le conte du fils prodigue a également une profonde signification traditionnelle. Il s'éloigne de son père - donc de l'unité - va de part le monde, fait de nombreuses expériences, dont beaucoup d'expériences négatives, puis retourne à son père donc à l'Unité.

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Q : Avez-vous le sentiment d'être partout ?

R : Oui. Il n'y a ni différenciation, ni opposition. Pour utiliser la terminologie hindoue, le pratiquant a besoin de placer Ishwara en dehors de lui, de considérer Ishwara comme un " second ". En réalité Ishwara est un état de conscience qui doit être réalisé. Ishwara, ou Dieu, est un état d'être. A ce stade vous avez la possibilité de regarder soit avec les yeux de la Conscience, soit avec les yeux physiques. Platon parle de " l'Unité dans la diversité ". C'est très beau et c'est très important. Si vous regardez avec les yeux de l'Unité, vous ne pouvez entrer en opposition avec qui que ce soit ou quoi que ce soit. Vous me direz peut-être que la conduite de certaines personnes n'a rien à voir avec la vision de l'Unité. J'en suis conscient, mais je sais aussi que ces gens qui se conduisent ainsi sont eux-mêmes l'Unité.

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Q : N'importe qui peut-il décider de s'éveiller, ou cela survient-il spontanément, sans préparation ?

R : L'éveil, naturellement, n'est pas quelque chose que vous pouvez simplement accomplir par la volonté et l'effort. Il survient de lui-même. Mais nous devons être prêt au moment où il se produit. Tout comme à l'école par exemple où nous étudions un nombre considérable de matières, qui par la suite pour la plupart ne sont d'aucune utilité pour notre profession. Mais cette sorte d'entraînement prépare nos esprits, elle l'exerce à une meilleure façon de saisir les choses et ainsi de suite. En cela, la préparation que représentent nos études est utile. Alors, pour revenir à votre question, la préparation conduit à accepter cet événement, qui survient spontanément. On ne peut rien forcer, toute violence sur nous même serait totalement vaine.

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Q : Quel conseil donneriez-vous à un chercheur de Vérité ?

R : Cette question n'est pas très commode (riant). Donner un conseil à quelqu'un est très difficile. Bien entendu, si la personne est vraiment à la recherche de la Vérité, la chose peut-être envisagée. C'est pourquoi nous parlons d'un certain degré de maturité de la personne, lorsqu'il y a un meilleur contrôle des guna et ainsi de suite. A ce stade, bien sûr, des conseils pourraient être donnés. Le problème surgit lorsque la personne vit dans un état de souffrance et de dualité. Elle veut résoudre son problème, mais souhaite rester dans cet état de dualité. A ce moment, il ne peut y avoir de compréhension, car tout ce que la personne souhaite faire, c'est changer un événement ou une situation à ce niveau qui est celui de l'ego, de la dualité. Ainsi, il est très difficile de conseiller quelqu'un qui est identifié à cet état de dualité. En outre, d'un point de vu philosophique, nous pouvons dire qu'il n'y a rien au-delà ou en dehors de l'Etre, et que tôt ou tard nous ne pouvons qu'y retourner.

Un advaïtin (l'être non duel) est pacifié, il a trouvé la paix. C'est la raison pour laquelle il ne recherche pas de disciples ou d'adeptes. Bien sûr, l'advaïta est offert à tous, mais tous ne souhaitent pas atteindre cette dimension. Cependant tôt ou tard, ils l'atteindront car chaque individu au monde est Cela. Ils peuvent se prendre pour autre chose, mais ils sont Cela. Nous sommes tous aliénés parce que nous croyons être ce que nous ne sommes pas.

.../...

Q : Pouvez-vous décrire votre propre nature ?

R : C'est exactement la même que la vôtre. Chacun d'entre nous est cet éther imprégnant tout. Il n'y a pas de différence entre Raphael et les autres. Il pourrait y avoir juste cette différence : une personne pourrait être identifiée à l'un de ses véhicules ou à l'une des expériences qu'il a faite, alors que Raphael lui, a épuisé et refermé tous les registres d'expériences. Ou bien pour citer un autre exemple que j'utilise assez souvent : Il a été un peu plus intelligent lors d'une incarnation passée. Il a réalisé de quoi tout ceci retournait et a décidé de ne plus revenir (rires). Ceci est l'unique différence !

Extraits choisis pour ÉVEIL IMPERSONNEL

Pour lire l'intégralité de cette interview, veuillez vous rendre sur l'excellent site de Inner Quest
Ouvrages de Raphael

mercredi 28 mai 2008

• Moment d'éveil spirituel - Aruna Lipschitz

Moment d'éveil spirituel

Aruna Lipschitz

Ce qui s'est passé au bord du Gange, que j'appelle, faute d'autres noms, ce moment d'illumination, ce moment d'éveil spirituel, est un moment où pendant - et d'ailleurs, rien que le fait de dire "pendant" n'est même pas juste parce qu'il n'y a pas de "pendant", "pendant qu'on y est"... parce que l'on ne sait pas qu'on y est ! - il se passe quelque chose qui est comme un arrachement total de la conscience du "moi-je". Il n'y a plus de conscience de soi du tout. On est dans un endroit où rien, en nous, ne peut dire : "Ah, je suis en train de connaître quelque chose" ou "je suis dans la conscience du tout" ; il n'y a rien en nous qui peut dire ça. Il n'y a pas de "moi-je", il n'y a pas de conscience de soi. C'est très, très difficile à expliquer, et en même temps, on sait qu'on est à l'endroit du Soi. Mais le Soi n'est pas le "je" ; il n'y a pas un "je" qui peux dire : "je me rends compte qu'il y a du Soi". Ça n'existe pas.

(...) J'ai dû être dans cet état-là dix minutes, d'après des témoins, mais pas d'après moi... C'est là que j'ai su que j'avais vécu quelque chose de très diffèrent de ces moments d'extase, ou de plonger dans la lumière ou dans la paix intérieure, etc. J'avais connecté à une essence de moi-même, qui était le centre de moi-même, nulle part et partout, et que tout d'un coup, j'ai découvert que je savais y revenir. Une fois que c'est là, c'est un point de non-retour. Alors, on peut appeler ça peut-être notre identité profonde, notre identité spirituelle profonde ; c'est quelque part un non-lieu, un non-espace dans lequel, quand je suis dans de grands tourbillons existentiels, je peux revenir. Alors j'y reviens quelques secondes, mais ce vide de quelques secondes me recharge totalement, immédiatement et instantanément. C'est comme si, tout d'un coup, instantanément, j'étais la Source. (...) Tout d'un coup, je suis la Vie, je suis la Vie elle-même. Alors je me recharge de Vie, de Vivant et je peux mieux aborder la vie avec un petit "v", l'existence.

Voilà, c'est très difficile à expliquer ! (...) J'ai une reconnaissance profonde pour cet éveil spirituel puisqu'il m'a donné l'adresse de la source intérieure et de savoir qu'à tout moment, je peux rentrer en contact avec cet état de conscience et me recentrer. Mais aujourd'hui, c'est devenu comme une force intérieure pour mieux rencontrer l'autre, pour mieux aborder les contradictions et les ambiguïtés, et la danse folle du monde, de la vie, avec tous ses malheurs, ses souffrances, ses déceptions, ses colères, ses incomplétudes...

Site d'Aruna Lipschitz : http://www.arouna.com

mardi 27 mai 2008

• L'enfance se berce dans l'innocence du réel - Maria Saboya

L'enfance se berce dans l'innocence du réel

Maria Saboya

Chacun de nous est un centre de vie, d'énergie et d'action. Ce centre de vie toujours en contact avec l'univers qui l'entoure réagit constamment. Quand il y a fragmentation à l'intérieur de ce centre, les réponses au monde extérieur sont marquées par la tension et le conflit, et les réponses au mouvement intérieur, qui s'expriment à travers la pensée et les émotions, sont caractérisées par l'incohérence et l'angoisse. La recherche de l'unité intérieure est une priorité majeure dans la vie de chacun. L'Art de Vivre en Entier montre que le don total de soi à la vérité, l'exclusion du faux de notre vie, provoque en nous une mutation qui nous permet de découvrir une qualité d'action nouvelle, libre de confusion, de violence et de souffrance.

Je me suis éveillée à l'âge de cinq ans. Ce fut à la suite d'un épisode de ma vie, d'apparence tout à fait banale mais qui, chez moi, déclencha une terrible secousse.
Ma grand-mère était une artiste peintre distinguée qui s'intéressa particulièrement à mon éducation artistique. C'est elle qui me guida vers la musique et c'est encore elle qui me poussa à faire un dessin et à l'envoyer au Concours Walt Disney. Quelques mois plus tard, j'appris que j'avais été reçue première pour mon dessin qui, apparemment, était extraordinaire et révélait une grande maturité.

Dans le petit monde de mon enfance, je crois que je n'avais pas encore pris conscience d'exister. Je vivais, tout simplement, dans ma réalité enfantine.
Un jour, ma mère m'a endimanchée et accompagnée à la rédaction d'un journal important de Rio, ma ville natale. C'était pour recevoir mon prix et les compliments des organisateurs.

Une fois arrivées au journal, nous avons été entraînées dans une espèce de tourbillon. On me questionna, on me fit des compliments, on vint me regarder de près, on m'assaillit de partout.
Le lendemain, je vis ma propre photo dans les journaux et mon nom imprimé en grand sur la première page. Le soir on fit une grande fête à la maison pour célébrer mon succès. Il y eut beaucoup d'amis et de gens de la famille. On mangea, on but, on rit bruyamment.
À un certain moment, j'ai eu un intense désir de sortir, de m'évader de tout cela. Je suis allée au jardin. La nuit était déjà tombée, et des étoiles très brillantes scintillaient dans la profondeur de ce ciel tropical. Le silence extérieur m'a enveloppée de calme et m'a apaisée. Je me suis assise dans un coin ombrageux et me suis laissée aller dans la contemplation des étoiles.
La beauté de la nuit était immesurable et je me suis perdue dans sa contemplation.

Plus tard, de retour à la maison, le fait de me sentir étrangère à tout ce qui se passait dans la maison m'a choquée. Je regardais mes propres parents comme des étrangers, des inconnus.

Ce choc m'a fait découvrir la différence entre le faux et le réel, puisque l'exagération du sensationnalisme journalistique était si criante, si aberrante, que ma sensibilité enfantine n'avait pu manquer de s'en rendre compte.
L'enfance se berce dans l'innocence du réel.


En même temps, je découvris une profondeur en moi, un sentiment d'intégrité dont je n'avais pas conscience auparavant. J'ai eu l'impression que mon être entier criait « Non !» à ce tourbillon des voix qui s'étaient élevées pour fêter nuisiblement, avec une joie démesurée et absurde, mon premier prix de dessin.
Pourquoi fêter tellement un petit dessin ? Tout cela me laissait voir l'irrationalité d'une société que je venais juste de découvrir. Mon esprit a été profondément marqué par cette expérience qui m'a façonnée.


Je suis devenue une enfant réfléchie et solitaire, qui trouvait dans la solitude un contact véritable avec son être et qui fuyait l'artificialité des compliments banals et des valeurs exagérées de la société, bien qu'elle aimât le contact humain et ne désirait pas s'isoler. La vie d'ermite ne m'a jamais attirée. J'alternais plutôt entre les contacts humains et la solitude, cette dernière signifiant pour moi « un retour aux sources » après chaque contact mondain.
Depuis mon enfance, donc, je suis engagée dans une passionnante recherche pour comprendre le sens le plus profond et spirituel de la vie. Vers l'âge de seize ans j'ai découvert mon amour de la musique, et je ne l'ai plus quittée. La musique exprime la profondeur des plus véritables sentiments intérieurs et la vision de la beauté spirituelle.

Vers le même âge j'ai commencé, aussi, ma recherche « religieuse » qui devait me pousser à éveiller en moi ce que j'avais de plus important à exprimer, mon amour de la vérité, et mon adoration devant la vie. Cela ne m'a pas empêché de vivre une vie normale, c'est-à-dire de me marier, avoir des enfants, exercer une profession, etc. La Vie est une totalité sans déchirement ; et tous ses aspects sont « sacrés » et parfaitement intégrés, si nous ne vivons pas dans un état de conflit intérieur.

Ma recherche spirituelle m'a permis de prendre connaissance de plusieurs religions (christianisme, bouddhisme, zen, etc.), de rentrer en contact avec la vie et les enseignements de Ramakrishna, Sainte Thérèse d'Avila, Krishnamurti, etc. Je me suis également intéressée à la psychanalyse et me suis penchée sérieusement sur la pensée de C. G. Jung.

Mais après tout cela, je vois que c'est la démarche personnelle, la passion qui existe en nous-mêmes qui nous pousse à aller de plus en plus loin vers notre propre coeur, notre propre essence intérieure ; c'est cette énergie qui vient de nous-mêmes qui nous achemine vers notre libération, notre « épanouissement en tant qu'individu, vers cet état extraordinaire que l'on peut appeler « l'état créateur ». Ce « fonds merveilleux » c'est l'amour, et cet amour qui ne connaît pas de barrières, ne peut s'exprimer complètement à travers l'être humain qu'au moment où toutes considérations d'ordre personnel, sans importance, disparaissent.


La vérité est dans la vie de chacun, pas dans celle d'un autre. Chaque vie a une vérité. Autant d'êtres humains, autant de vérités ! La religion n'est pas un modèle, une formule, un chemin vers quelque chose d'établi d'avance.
La religion est plutôt l'expérience religieuse de chacun dans sa propre existence. La vie est cette profondeur extraordinaire qui donne à chacun la fonction de créateur de son propre destin, de son histoire, de sa rencontre personnelle avec la totalité. Que votre vie soit un trésor précieux, et toute l'humanité sera enrichie ! La vérité est en vous, dans vos sentiments et vos actes, à chaque instant de votre vie.
La beauté de la vie, la grandeur de la vie sont là, dans votre angoisse, votre peur, votre condition, et votre désir de vous libérer. C'est dans votre marche pénible dans la rue, l'esclavage d'un travail mal récompensé, la solitude, le manque d'affection, ou la joie, le plaisir. Dans tout cela se trouve la valeur intrinsèque et extraordinaire de l'existence. Vous ne pouvez pas vivre la vie à la place d'un autre. Que vous soyez simple couturière ou mathématicien de génie, ne vous comparez pas aux autres.


La vie est la même pour tous, et son degré d'importance est exactement identique partout. La vie de laquelle on parle est la vôtre - la seule à laquelle vous ayez accès, la seule que vous touchiez vraiment. Si vous la vivez avec ardeur, connaissant sa valeur infinie et vous donnant à elle entièrement, votre existence sera le miroir de la beauté et du vrai sens de la vie. Ce sens n'est autre que cela : vivre sa vie avec passion et sincérité, en se donnant complètement.

L'ART DE VIVRE EN ENTIER de Maria Saboya - Éditions Les Deux Océans.
Ce recueil exprime des moments de repos, de calme, au milieu de la rue, dans un train, dans une bibliothèque ou dans un magasin lorsque je fais des courses ; ce sont des coupures au beau milieu de la turbulence d’une vie humaine normale dans le monde d’aujourd’hui, la vie d’une mère de famille qui travaille. À force de regarder le monde autour de soi et sa propre conscience avec un œil toujours éveillé et interrogateur, le cerveau apprend à fonctionner dans un mouvement profond et calme, et l’esprit ne se laisse pas prendre dans le mouvement de confusion qui nous entoure la plupart du temps.

Ce ralentissement produit les conditions nécessaires à la compréhension profonde des choses, et la vision se fait d’une manière spontanée et synthétique. On ne peut pas fabriquer ces perceptions à volonté et se dire : maintenant je vais m’asseoir, prendre le crayon et écrire des mots de sagesse. On ne peut s’asseoir et écrire que quand la sagesse s’est déjà exprimée, ou est en train de le faire. Pour cette raison, on porte toujours sur soi un calepin et un crayon. La création est toujours une chose précieuse, et rapide comme le vol d’un oiseau. Si le cerveau n’est pas éveillé pour la suivre à sa vitesse même, il est trop tard, puisque l’oiseau est déjà parti, lointain.

La création n’a pas d’heure fixe, mais étant inépuisable et si on n’est pas prêt pour la recevoir sur le moment, elle revient plus tard et ainsi de suite. C’est que la création possède un cœur immense, et son but est de donner à l’infini.

lundi 26 mai 2008

• Les abeilles savent toujours où se trouve le miel - Peter Ragnar


Les abeilles savent toujours où se trouve le miel


Peter Ragnar

Body, Mind & Spirit Magazine : Vous créez tout un mystère autour de vous. On ne connaît pas votre nom de famille et vous ne parlez jamais de votre passé. Pourquoi ?

Peter Ragar : Je ne parle pas du passé parce qu’il n’a aucune importance à mes yeux. La seule chose qui est importante et que je suis. Je suis simplement. Je n’ai rien à cacher. Si vous m’appréciez, vous m’appréciez. Je n’ai aucune prétention, je n’ai pas de titres. Je suis juste moi, et je suis tout à fait heureux d’être moi.

Body, Mind & Spirit : Etes vous très différent depuis votre naissance ou étiez vous comme tout le monde ?

Peter : Il faut que je réponde à deux niveaux. D’un côté je suis très ordinaire. Je suis comme tout le monde, la seule différence, c’est que je sais. Je sais qui je suis. Cette connaissance est venue comme une fleur qui s’ouvre. Jusqu’à ce que la fleur s’ouvre, la plante doit batailler et faire face à tous les obstacles du terrain : les cailloux, le risque de se faire piétiner, puis tout d’un coup, la fleur s’ouvre.

Body, Mind & Spirit : Est-ce que ça s’est produit graduellement ou y a-t-il eu un événement particulier ?

Peter : Il y a eu un événement particulier. J’ai passé beaucoup de temps à méditer, prier et faire toutes les conneries que tout le monde fait. Je dis conneries, mais ce n’est pas vraiment des conneries parce que ça finit par vous amèner quelque part.

Un jour, j’ai arrêté d’attendre quoi que ce soit. J’adore m’asseoir près du feu. Un jour j’étais assis là et je pensais « Bon, voilà c’est le moment de m’asseoir près du feu… sans raison particulière… De toute façon, s’il avait dû se passer quelque chose, ça se serait produit depuis longtemps… » Je n’attendais rien, je n’étais même pas intéressé par une expérience. Et puis quelque chose m’a brûlé. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. J’étais terrifié. J’étais en train de mourir. Physiquement, mon corps était comme pétrifié. J’essayais de faire tout mon possible pour arrêter ça, mais une fois commencé, c’était impossible à arrêter, et « je » suis mort.

Et maintenant, me voilà, c’est le même monde, avec des voitures, des maisons, on y mange, on va se coucher, on prend des douches et on se brosse les dents… Mais ce n’est plus le même monde.

Body, Mind & Spirit : Une fois que ça s’est terminé, qu’avez vous pensé ?

Peter : Rien, mais je me suis entendu dire, comme si j’étais dans un tunnel « O mon dieu, c’est réel ! » Et puis j’ai ri, et depuis je ris encore.

Body, Mind & Spirit: Que pensez-vous de ce que vous êtes ?

Peter : Je n’en ai absolument aucune idée. Je suis simplement ce que je suis. Je fais simplement ce que je fais. Il n’y a rien de spécial. Notre nature fondamentale à tous est béatitude, joie, bonheur, tendresse, affection, amour, vérité, sagesse. C’est ce que vous êtes. Quand vous êtes vous-mêmes, tout ceci émerge tout seul. Et c’est contagieux, indépendamment d’un enseignement donné. Je ne suis pas un maître, mais si vous venez ici, c’est ce qui est « capté ». C’est une énergie indicible.

Je ne fais rien délibérément, mais en ne faisant rien, je fais énormément. Je demande aux gens : « pourquoi êtes-vous venus ? » Ils disent « Je ne sais pas ». Je leur dis : « Je ne sais pas non plus. » (rires)

Mais je fais quelque chose en réalité. Ils ont faim, et ils sentent une bonne odeur dans la cuisine. Je n’ai pas besoin de faire de publicité. Les abeilles savent toujours où se trouve le miel.

Body, Mind & Spirit : Qu’est-ce qui vous a amené à cette expérience ?

Peter : L’honnêteté envers moi-même.

Body, Mind & Spirit : Un examen de vous-même ?

Peter : Non. C’est l’honnêteté scrupuleuse envers soi-même, au point où l’on peut presque dire que ça fait mal. Vous refusez de continuer à vous mentir à vous même, vous vous permettez d’être tel que vous êtes, simplement.

Body, Mind & Spirit : Quel genre de balivernes nous racontons-nous ?

Peter : Nous mentons chaque fois que nous recherchons l’approbation des autres. Nous mentons quand nous disons que nous ne valons rien. Nous mentons quand nous nous disons limités, sans amour, sans compassion, tendresse ou affection. Mais c’est votre nature ! Qui vous a dit que n’étiez pas tout ça ? Vous avez cru à ses mensonges !

Quand vous pouvez vous regarder dans le miroir et y voir votre vrai visage, et dire « Ah, c’est ça ! » alors, tout d’un coup, tout est différent. Mais ça commence par une grande honnêteté envers vous-même, en reconnaissant votre valeur. Vous êtes rarissime. Vous êtes un trésor inestimable.

Ça ne veut pas dire que vous ne faites pas un avec tout. Mais l’expression de Dieu à travers votre forme est si unique, si spéciale, et en même temps si ordinaire ! Et quand vous le voyez, vous riez de votre propre découverte.

Body, Mind & Spirit : Vous rappelez-vous de vos vies antérieures ?

Peter : Lors de mon expérience, ou plutôt en prélude à mon expérience, je me suis vu sous la forme de nombreux personnages. Je me suis vu dans différents contextes passés, mais c’étaient comme des personnages sur un écran. Je me suis vu sous toutes ces formes, mais je dois dire que ça faisait encore partie de l’illusion de la vie. Quand l’illusion cesse, peu importe que vous ayez vécu comme un saint ou un pêcheur. Car maintenant vous êtes éveillés. Jusqu’à l’éveil, vous pouvez rêver tout ce que vous voulez au sein de cette illusion. Ce que je fais actuellement, je le faisais aussi dans ma vie d’avant. J’ai juste continué. À part que cette fois c’est différent, j’ai changé car maintenant je sais. C’est vraiment très simple.

Body, Mind & Spirit : Donc les autres vies importent peu ?

Peter : Non, elles n’ont pas d’importance. C’est encore une des maladies de l’esprit. L’esprit veut toujours être dans le passé ou le futur parce que l’esprit qui est totalement dans le présent doit s’arrêter. L’esprit est fait de passé et de futur (The mind is made up of pasting and futuring. ndt : jeu de mots intraduisible). Chaque fois que vous pensez, que faites-vous ? Soit vous pensez à quelque chose qui est arrivé, soit vous fantasmez sur le futur. Si vous ne faisiez pas ça, il n’y aurait pas pensées.

Body, Mind & Spirit : Il y a des ours sauvages qui se promènent près de chez vous, on dirait des animaux domestiques. Ils sont arrivés là par hasard ?

Peter : C’est l’une des choses que j’ai remarquées après mon expérience. Les animaux venaient à moi. Le premier fut un renard. Il est allé droit sur moi et m’a laissé le toucher. Les daims mangeaient dans mes mains. Puis une corneille est venue partager mon sandwich. Il y a aussi eu des serpents venimeux qui rampaient sur mes pieds. Pour je ne sais quelle raison, je n’avais qu’à me baisser pour les attraper. Je sentais leur cœur qui battait dans mon coeur, et lorsque vous aimez quelque chose, toute peur s’évanouit.

C’est pareil avec les ours. L’une des femelles a trois petits. Elle ne laisse aucun ours s’approcher des oursons, sinon elle les charge comme un train de marchandise. Mais elle est monté directement sur le pont et dans ma chambre avec eux ! J’aurais pu dormir avec eux si j’avais voulu.

Body, Mind & Spirit : C’est l’une des raison pour lesquelles on vous appelle « l’homme magique »

Peter : La magie c’est que l’amour est très divertissant. (rires) J’adore regarder les choses insolites qui se produisent, surtout avec certains groupes de personnes.

Body, Mind & Spirit : Vous semblez aussi surpris que nous.

Peter : C’est ma joie de voir l’étonnement des gens. Je suis captivé, j’adore ça. Des choses que les gens considèrent comme impossibles sont arrivées. Tous ceux qui sont là sont venus vers moi et ont eu une expérience personnelle. Ils ont savouré quelque chose qu’ils ne peuvent expliquer. Il ne s’agit pas de faire des tours de magie ! Il s’agit de transformation personnelle. Un goût d’inexplicable, un goût de merveille et de mystère.

Body, Mind & Spirit : Comment guérissez-vous ?

Peter : Je vous vois comme le tout. Je suis le tout et je vous vois comme le tout. Je vous vois guéri. Je vous ne vous vois pas dans l’imperfection.

Body, Mind & Spirit : Et si j’ai un problème grave ?

Peter : Je vous mets au défi d’avoir un problème ici ! (rires) L’amour est l’unique guérisseur. La où il y a de l’amour, il ne peut pas y avoir de douleur. Si je peux vous aimer inconditionnellement au point de vous voir comme le tout, alors il vous faudra travailler très dur pour ne pas être le tout.

Body, Mind & Spirit : Qu’en est-il des relations de couple ? Est-ce que l’âme sœur existe ?

Peter : Oui, c’est quand vous tombez amoureux de vous-mêmes pour la première fois. Quand vous ne vous sentez plus inadéquat ou en demande, alors vous avez trouvé votre âme sœur. C’est l’unité du féminin et du masculin en vous. Quand vous êtes complets, vous n’avez plus besoin de quelque chose d’extérieur. Ce n’est que lorsque vous êtes totalement heureux en vous-mêmes que vous pouvez être heureux avec une autre personne. Si vous n’êtes pas totalement heureux en vous-mêmes, vous appuyer sur une autre personne ne fera qu’engendrer de la souffrance. Les gens croient que leur bonheur est quelque part, à l’extérieur. Je vous le dis, il n’est pas à l’extérieur. Il ne sera jamais vôtre jusqu’à ce que vous soyez complets, quand la terre entière sera vôtre.

Body, Mind & Spirit : Qu’en est-il de la prospérité ?

Peter : L’argent n’est qu’un ticket d’entrée. Il vous donne le droit de jouer le jeu. C’est simplement de l’énergie, tout dépend de ce que vous en faites. Comme les gens ont peur du pouvoir, ils ont aussi peur de l’argent. Comme la majorité des gens utilise mal l’argent, les autres ont peur, s’ils ont de l’argent, de mal l’utiliser aussi. Mais je vais vous dire : beaucoup de gens qui sont tellement contre l’argent sont aussi ceux qui polluent les rivières, l’atmosphère, violant les montagnes et les collines. Il disent : « On ne fait rien de mal ! On est juste assis là, on s’occupe de nos affaires, on médite. » Je leur dis « Non, vous êtes responsables. Vous êtes responsables des poissons tués dans les rivières par les usines de plastiques. Vous êtes responsables de la construction des centrales nucléaires. » Ils répondent : « Mais en quoi suis-je responsable ? » Je leur dis : « Parce que vous n’avez jamais dit « non », avec le seul pouvoir que vous avez : votre argent. Qui achète le plastique ? C’est vous. » En réalité, il n’y a rien de mal au plastique, il a sa place. Et rien de mal à fabriquer du plastique tant que vous nettoyez derrière vous, et que vous n’en faites pas des roses. (rires)

L’argent est beau. Il n’y a rien de mal à avoir de l’argent. Les gens qui pensent que l’argent est néfaste feraient bien d’examiner attentivement leur vision de la vie et ce qu’ils font de leur argent. Si votre cœur est droit, vous aurez tout, peu importe quoi. Aucun œil n’a vu, ni d’oreille entendu, pas plus que n’ont été conçues dans le cœur des hommes, les choses réservées à ceux qui aiment leur conscience supérieure, leur soi divin.

Body, Mind & Spirit : Quels sont vos projets ?

Peter : Quand je serai grand ? (rires) Je veux être pompier et éteindre le feu chez tout le monde, éteindre tout ce qui les brûle.

Body, Mind & Spirit : Je pense vous allez partout pour allumer le feu chez les gens.

Peter : Oui, c’est vrai aussi ! Je suis un pyromane spirituel. J’allume le feu dans les cœurs. Je vais partout mettre le feu dans le cœur des gens, et ils ne se rendent même pas compte que je suis venu.

© Traduction Française ÉVEIL IMPERSONNEL







vendredi 23 mai 2008

• Le règne de la vacuité - Nicole Montineri

Derrière les apparences de l'univers,
se trouve la réalité d'une Conscience unique et éternelle.



Ici, c'est le règne de la vacuité, le siège de la conscience, l'essence de l'être. Il n'y avait plus aucune pensée, plus aucune image, pas même une sensation. Rien. Seulement la Conscience suprême...

Ma véritable nature, dans cette absence de moi-même, était cette lumière intense qui transportait une information signifiante et apaisante. Celle-ci était ma conscience, sans objet, seulement conscience-de-soi. Elle englobait l'univers entier, était la source de toute chose. Je m'y enfonçais, y demeurais absorbée, la reconnaissant comme mon essence originelle, en cet instant éternel. Dans cette pénétration de la réalité, la conscience se connaissait par elle-même, à la fois vide et pleine, en repos et en mouvement. « Je » n'était pas là pour s'approprier la perception. Elle avait lieu, c'est tout.

La division entre observateur et observé n'existe pas et n'a jamais existé. Elle n'est qu'une illusion créée par la pensée soumise aux désirs de l'ego. Personne ne voit la lumière se lever. Dans cet état, ou plutôt ce non-état - car la conscience n'est pas un état - l'ego, cette image artificielle du moi, est mort. Loin d'inquiéter, sa disparition apporte une sensation de plénitude totale. Ce qui est angoisse du point de vue de l'ego est apaisement pour l'être profond qui constitue notre véritable identité.

Lorsque tous les voiles créés par l'ego, par l'esprit et les sens, ont été déchirés, lorsque tous les objets ont été dissous, la nature fondamentale de notre conscience peut apparaître. Elle se connaît elle-même en tant que réalité qui embrasse tout, en tant que substance absolue. La lumière qui se lève au moment du grand voyage est le rayonnement spontané et sans direction de la conscience, l'embrasement de l'énergie universelle. On ne peut pas décrire la lumière de la conscience, la lumière de l'Intelligence. « L'énergie de l'univers est une énergie d'amour... », a dit un jour le physicien David Bohm au quatorzième Dalaï Lama.

Dès que l'on ne s'identifie plus à la personnalité, dès que l'on ne se voit plus comme un être séparé des autres, on perçoit clairement notre véritable nature, parce que l'on se place dans la conscience globale. On comprend que toutes les formes sont des émanations de ce continuum infini et que l'essence de la diversité des phénomènes est une. Notre conscience est plus vaste qu'on ne l'imagine, sans intérieur ni extérieur, sans centre ni périphérie. Alors pourquoi s'identifier à une personnalité sans substance, sans constance, soumise à des tensions perpétuelles par accumulation de pensées et d'émotions, pourquoi se restreindre à cette image étriquée et fausse de soi ?

Notre véritable nature n'a pas besoin d'être perfectionnée, car elle est, depuis l'origine, parfaite.../... L'essence de toute chose est pure. Celui qui a réalisé cela voit chaque être, chaque manifestation du monde dans sa perfection.

Demeurer dans la conscience, ce n'est pas méditer, dans le sens où il y a un sujet qui cherche à atteindre quelque chose de personnel et de sécurisant.

Je demeure dans une sensation quasiment physique de baigner à chaque seconde dans l'énergie universelle, dans cet immense courant qui se meut en nous et autour de nous. Ce flux traverse continuellement notre corps et notre esprit. Chaque être se trouve absorbé en permanence dans la lumière qui soutient tout, qui porte chaque manifestation de la vie. Quand nous connaissons cette sensation, nous ne pouvons plus la perdre, et notre existence quotidienne reflète notre immersion dans ce courant impersonnel et éternel. L'absolu est ici, à l'instant, sous nos yeux. Il n'est pas autre chose que cette énergie, cette lumière, cette conscience.

Extraits choisis pour ÉVEIL IMPERSONNEL
de N'ayons pas peur de mourir
de Nicole Montinéri
Éditions Accarias-L'Originel

Voici, en complément, l'extrait d'une réponse de Nicole suite à un mail où je lui demandais (avant la publication de son ouvrage) si son expérience avait été temporaire, ou si elle-même était toujours immergée dans cette conscience non-duelle. J'avais appréciè alors le coté à la fois sobre, humble, et si plein de vérité, de sa réponse :

Durant toute notre quête, nous avons des visions claires. Elles ne retombent pas, comme on le croit alors. Il y a seulement des retours au corps/mental, c'est normal sur cette Terre. Le problème, c'est quand l'ego, insatiable, tente de retrouver ces visions ou perceptions. Il cherche en permanence à acquérir, il est même tout excité devant cette idée d'éveil !
Mais la réalisation, elle, est irréversible. Il est impossible qu'il en soit autrement lorsque la conscience s'est laissée absorber complètement dans la Conscience cosmique, le Tout. Pour les affaires de la vie pratique, dans le langage, c'est le mental qui fonctionne, il ne peut en être autrement, bien sûr. Il est utilisé pour ces fonctions-là, mais ne recherche rien sur le plan spirituel, qui n'est pas son plan et qu'il ne doit pas envahir. Le reste du temps, je me situe dans l'espace silencieux et libre de la conscience, là où rien ne peut "arriver", où il n'y a rien à obtenir, car tout est déjà là.
L'éveil n'est pas arrivé à une personne en particulier, il est impossible désormais que le moi s'approprie les évènements qui arrivent dans l'existence, les juge, les rejette selon une dualité plaisir/déplaisir. Il est impossible de chercher à posséder quoi que ce soit, de ne pas prendre les choses comme elles viennent, de ne pas voir les êtres tels qu'ils sont : conscience semblable à la nôtre, et qui cherche douloureusement l'espace de lumière... Une énergie se manifeste (et il m'est arrivé depuis d'avoir du chagrin) et je sais qu'elle s'en ira comme elle est venue, sans laisser de traces... Tout est vu dans l'amour, cet amour impersonnel qui a traversé ma conscience qui s'est grand-ouverte lorsque "je suis partie là-bas".
La perception de cet amour est intacte, il ne se passe pas un jour sans que je la ressente, d'autant qu'elle n'est pas passée par mon cerveau. Voir ainsi est la liberté, au-delà de tout ce qui peut se manifester. Je Suis l'Amour, substance de la Vie. C'est notre Réalité.
Puis, suite à la lecture de son ouvrage, où elle expliquait qu'il faut se préparer à la mort car, si l'on ne fait pas cela, on ne reconnaîtra pas cette lumière comme étant indivisible de sa véritable nature, je lui demandais alors ce qui que se passerait à ce moment-là pour une telle personne ? Ma question était de savoir si elle suggérait que l'on repartirait dans un nouveau cycle d'incarnation ? Elle me répondit ceci :

La connaissance et la pratique spirituelle nous aident à reconnaitre la véritable nature de la lumière, rayonnement de notre conscience unie au Tout. C'est bien ici, durant notre existence, que l'on découvre l'essence de la vie. Notre départ sera alors d'autant mieux vécu comme l'ultime couronnement de cette existence.
Je suis frappée de voir que la plupart des personnes qui ont eu un contact avec la mort et ont vu la lumière, considèrent celle-ci comme quelque chose d'extérieur, ou même disent l'avoir vue de loin. Ils continuent à avoir une vision duelle...

Je ne peux pas répondre à votre question concernant ce qui se passe pour ceux qui ne reconnaissent pas la nature de la lumière. Ce serait en effet une explication à la réincarnation, et cela rejoint ce que je disais précédemment sur la nécessité de découvrir, ici et maintenant, l'essence de la vie. Mais il me semble que c'est seulement l'ego qui s'interroge sur l'éventualité d'une nouvelle incarnation terrestre, dans une forme finie qu'il connait déjà. La Vie, elle, est mouvement infini...
Je conclus en lui faisant remarquer que cela avait du sens. Ainsi que l'exprimait Ramana Maharshi : "La réincarnation existe tant que l'ignorance existe. Il n'y a pas d'incarnation, il n'y en a jamais eu, il n'y en aura jamais. Telle est la vérité."
Mais il semblerait aussi qu'au sein de l'illusion et de la dualité, il y ait bien un endroit dans l'espace-temps, tout aussi illusoire, où demeurer, tant que l'essence de notre être n'était pas reconnue.

Nicole me répondit simplement : "Oui, il y a certainement un "coin" dans l'espace-temps où se retrouve la conscience encore encombrée de l'illusion de l'ego.
Mais la conscience qui a réalisé que sa nature est vide se moque de sa future incarnation, comme elle se moque de la disparition de son corps/mental ! Elle est libre, joyeuse."

Un grand merci à Nicole pour la richesse de nos échanges.

Pour ceux qui sont submergés dans l'Océan de la destinée et qui désirent la protection, il n'y a pas de refuge autre part que dans la Connaissance du Soi.

Ramana Maharshi

mardi 20 mai 2008

• Montrez-vous vous même du doigt !

Sources


Montrez-vous vous même du doigt et observez

Ramana Maharshi

mercredi 14 mai 2008

• Un état inchangé de pure conscience originelle

Un état inchangé de pure conscience originelle

Dilgo Khyentsé Rinpoché


Tant que perdure la moindre forme d'identification, il est question de s' effacer, de s'unir, de se fondre. Et tant que demeure l'illusion qu'il existe quelqu'un cheminant vers le Soi, ceci n'est pas dépourvu de sens. Mais il est un instant de grâce où l'illusion d'être distinct de l'Unique se dissipe tel un mirage dans le désert. Il apparaît alors que de toute éternité, au delà de toute dualité, il n'existe que Lui.


Si la méditation dans le Dzogchen consiste simplement à demeurer dans le flux de Rigpa après l'introduction à la nature de l’esprit, comment savoir si nous sommes, ou non, dans Rigpa ?

J'ai posé cette question à Dilgo Khyentsé Rinpoché qui m'a répondu avec sa simplicité coutumière : « Si vous êtes dans un état inaltéré, c'est Rigpa. »
Si nous n'altérons ni ne manipulons l'esprit en aucune façon, mais demeurons simplement dans un état inchangé de pure conscience originelle, c'est cela Rigpa. Mais s'il y a de notre part quelque construction, manipulation ou saisie, ce n'est pas Rigpa.

Rigpa est un état dans lequel aucun doute ne subsiste. Il n'y a plus vraiment d'esprit pour douter : vous voyez directement. Dans cet état, en même temps que Rigpa, jaillissent une certitude et une confiance totales et naturelles : c'est cela qui vous permet de savoir.

Sogyal Rinpoché

mardi 13 mai 2008

• L’apprentissage de l’ouverture et de la présence

Sources

Les pratiques dites de « méditation » sont nombreuses dans le bouddhisme, et leurs « finalités » très diverses. Le mot « méditation » rend très mal le contenu de ces pratiques, mais il est consacré par l’usage. Nous décrirons ici une technique de base : dans un endroit calme, on prend une posture assise confortable, il est important de garder le dos droit et de ne pas bouger ; on est présent à sa respiration ; les yeux sont ouverts, la vision est panoramique sans rien fixer en particulier ; de même, l’écoute est globale : on entend les sons proches, lointains, le silence... ; au niveau du toucher, on sent le contact des vêtements avec le corps, le contact du corps avec son support… Bref, on est présent à l’environnement et incorporé à l’expérience des sens. Par rapport au mental, on voit les contenus mentaux sans les refouler, sans s’y défouler, sans les analyser ; juste en ayant conscience qu’il s’agit de pensées ou d’émotions, on les laisse passer « comme des nuages dans le ciel ». L’homme ordinaire est souvent « emporté » par ses pensées: il ne les reconnaît pas comme des simples pensées et il les vit comme le rêveur vit son rêve ; le méditant sera aussi « pris » par ses pensées mais, avec la pratique, il prendra conscience de son état de distraction et il reviendra à son souffle, à la présence au corps. A cette pratique de « méditation assise », on ajoutera ensuite celle de la « méditation dans l’action » : il s’agira de garder le même état d’ouverture et de présence dans les activités quotidiennes : marcher, réfléchir etc. Il n’y a pas de coupure entre méditation et vie quotidienne.

Cette technique, d’une simplicité radicale, est essentielle car elle permet au pratiquant de déconditionner les mauvaises habitudes de la conscience qui sont à la base de l’illusion du « moi ». Le méditant cultive ainsi l’expérience sans la saisie du moi : présence ici et maintenant (sans les projections vers le passé ou le futur) ; ouverture à ce qui est (ouverture à l’autre) sans représentations ni jugements, au-delà de l’attraction/répulsion. Le pratiquant non seulement voit le fonctionnement du mental, il découvre un espace de liberté par rapport aux pensées : alors que d’habitude on les possède (soit par le refoulement où le défoulement, et c’est alors qu’ils nous possèdent) on peut les accueillir de façon neutre et bienveillante, sans lutte ni saisie, sans réactivité ; comme la maison est vide (vide du moi) ces voleurs qui sont les pensées de colère où d’avidité ne peuvent rien emporter. L’eau boueuse se clarifie lorsqu’elle se pose, de même, l’esprit retrouve sa plénitude naturelle par la pratique de la méditation.

vendredi 9 mai 2008

• Tu es foudroyé ! - Bernard


- Bernard, comment ça s'est finit pour toi ? Comment ça s'est passé ? Est-ce qu'il est possible de décrire cet ultime moment ?

- A aucun moment je n'ai envisagé que c'était pour moi ce dont on parle là, la réalisation. Un jour où je lisais Nisargadatta, que j'avais lu on va dire cinquante fois auparavant, il y a eu un déclic qui a fait que... C'est pas vrai, c'est pour moi ? Moi aussi je pourrais ?! Donc, ce n'est pas qu'une compréhension. Il y a une part de compréhension, puis ça se transforme en un déclic qui va plus loin que tout ça en fin de compte.

- Qui va plus loin que quoi ? De l'idée, du mental ?

- C'est un prise de conscience. Des prises de conscience, tu en fais toute la journée, mais celle-là est plus forte. Comme si j'ai pris un éclair. L'instant de réalisation, c'est pareil : tu es foudroyé. Alors celui qui me dit que ce n'est pas un événement ?! Faut qu'il voit...

Foudroyé, comme si la conscience est en train de réaliser, de comprendre - mais le mental n'est pas là, ça change tout. Il n'interprète pas dans cet instant là. Je décris un instant qui va vite, au ralenti... - la conscience est en train de réaliser comment les choses sont vraiment, sans l'interprétation. Imagine, ça n'arrive pas souvent ! Là, la conscience, comme le dit si bien Nisargadatta, est toujours conscience de quelque chose, et quand elle n'est pas consciente de quelque chose, il n'y a plus de conscience. C'est l'êtreté tout court.
Conscience du monde, avec toi dedans, la vie particulière, et tu vois que tu es là-bas. A l'instant où c'est compris, ta compréhension est dissoute. Il n'y a plus de contenu dans la conscience ; ça se transforme en êtreté, et tu es foudroyé. Qui es foudroyé ? Tu verras bien.
Plaff, ça fait ça ! C'est ça la réalisation. C'est un événement extraordinaire ! C'est un feu d'artifice. C'est le volcan qui pète en fin de compte...


Quand on voit ce qu'on est, on n'a pas envie de changer quelque chose, mais on a envie de témoigner de ce qu'on a vécu et dire que c'est évidemment pour tout le monde, sans l'idée qu'on en a. Quoi de plus simple que ça ? On est là définitivement.

C'est tellement fort que... les mots ne suffisent pas en fait.

Extraits choisis pour Éveil Impersonnel,
tirés du CD La recherche du bonheur,
publié chez Les Deux Océans

• Danser avec la vie - Sébastien Fargue

Sources

La Présence est pour moi quelque chose qui correspond à Lilith, parce qu’insaisissable, paradoxale, et pourtant bel et bien là ! Je dirais qu’il y a, pour parler de sensation, une "jouissance" ou une joie naturelle dans cet état.
Lorsqu’il y a l’acceptation que je ne peux pas savoir, alors ne pas savoir devient un jeu et un plaisir. Le mystère, le vide, au lieu de faire peur, est ravissant (dans le sens de ravissement). On peut être ravi par cette Présence.

Qu’est-ce qui fait que c’est ravissant ?

Parce que c’est sans fin, parce que c’est libre, parce qu’il n’y a pas de conclusion. Il y a toujours (comme dans le tarot où il y a le mat) ce qui vient faire que n’importe quelle structure, n’importe quelle élaboration tôt ou tard s’effondre, et n’est pas fiable. C’est un état qui a intégré la notion d’effondrement, que la sécurité n’existe pas, et trouve cela « amusant » ! Il y a une forme d’abandon, d’insécurité qui paradoxalement offre ce que j’appellerai la plénitude et la satiété existentielle. Parce que je ne suis sûr de rien, j’ai accès à ce qui est absolument sûr, c’est-à-dire à ce que je ne peux pas me représenter. Je me base alors non plus sur des représentations, mais sur quelque chose que je ne peux pas définir.

Cette présence (que d’autres appellerai Dieu ou Nature de Bouddha) offre néanmoins une sécurité et un bien-être, même si ce qui me procure ce bien-être, ce sur quoi je repose, n’est absolument pas identifiable et est absolument silencieux. On arrête de se reposer sur des représentations et des formes pour obtenir la satisfaction et la satiété existentielle (le bonheur). On prend également conscience que le fait de ne plus chercher une sécurité, quelque chose d'absolument stable ou de vrai en soi, nous "ramène" naturellement à notre conscience Lilith, la Présence. Nous avons alors beaucoup plus d’espace, de liberté pour être tel que nous sommes, et dans cette présence inconditionnée repose la paix de l’âme.

Peut-on approfondir cette notion d’être présent ?

Être présent c’est danser avec la vie. Être présent à ce qui est, sans tentative de manipulation, ou d’élaboration de stratégies complexes pour obtenir un résultat, mais prendre la vie comme elle vient, y répondre de manière spontanée, se laisser répondre. Il y a un dialogue entre un monde et une créature qui est dans ce monde. Une danse, un binôme qui ultimement dans la présence devient Un. C’est le genre de sensation qui apparaît lorsque la notion d’un moi, d’une entité séparée s’effondre.

La Présence, est ce que je suis fondamentalement. Avant d’être un être humain, une pensée, une sensation, des émotions, une énergie, ce que l’on veut, je suis la conscience qui a conscience de cette pensée, de ces émotions, de ce corps, etc. Là se situe la présence «témoin». Je suis présent aux phénomènes qui se manifestent au sein du mental, au sein des énergies, des sensations physiques, entre autres par l’intermédiaire des sens et de l’environnement.
Dans la Présence, les catégorisations que nous utilisons par le biais du mental tendent à disparaître. Nous entrons en relation avec le monde, avec de moins en moins de filtres de la pensée, et parfois sans pensées, ce qui nous permet d’être dans un contact direct avec les choses, et nous pouvons alors redécouvrir des sensations formidables comme l’émerveillement que l’on a quand on est enfant de voir un escargot, un arc en ciel, ou une crêpe au chocolat !
C’est magique, c’est un émerveillement, c’est beau. Il n’y a pas de jugement, c’est gratuit, c’est simple, c’est entier. On retrouve le ravissement dans cette présence directe à ce qui est.

L’idée qu’il y a le monde et moi disparaît petit à petit. La pensée que j’ai, les émotions que j’ai, le corps que j’ai se réunifie avec l’environnement. Le monde et la créature deviennent le monde tout court. Il n’y a pas moi dans le monde. Il y a le monde. Le corps-esprit est partie prenante du monde, il est dans une interaction totale avec tout ce qui l’entoure et ne peut pas survivre autrement. Le corps-esprit devient l’univers. Cette forme que j’ai (corps et esprit) est aussi une manifestation de l’univers.

On retrouve l’idée de communion, d’unification, qui est un état naturel. Tous les animaux sont dans cet état, la plupart des enfants, et les êtres humains à certains moments. C’est le stade éveillé.

Il y a justement dans cette disparition progressive de la notion d’un moi séparé, la prise de conscience que je suis la présence, "en amont" du corps-esprit. Je crois qu’on se rend compte dans cette évolution que nous sommes la présence. C’est un mode d’être au monde qui permet d’entrer dans une manière d’être non-duelle.

Quand on pratique la « Présence », ce que j’ai observé chez moi et d’autres personnes, c’est qu’on est de plus en plus assimilé à la Présence. Je pratique la Présence, puis je me rends compte que je suis la Présence, impersonnelle, universelle, non représentable.

On est alors dans Lilith, dans cette liberté absolue, inaliénable, libre, qui n’a pas de forme, qui est témoin des formes, et qui se vit néanmoins dans les formes. On arrive ainsi dans le paradoxe avec forme / sans forme ensemble. C’est là que se trouve se ressenti de « danse » qui produit fluidité et bien-être. C’est être comme un poisson dans l’eau, avoir retrouvé son état primordial, la satiété existentielle. Être suffit.

Ce qui nous éloigne de cet état est-il la pensée ?

C’est le pouvoir de fascination de la pensée. Tant que je suis identifié à la pensée, tant qu’elle garde la première place, tant que je crois plus à mes pensées qu'au silence paisible de la présence, je suis fasciné par les pensées qui émergent, et dans cet état d’attachement, d'identification aux pensée il n’y a pas d’espace. Il y a une tentative de contrôle, de s’accrocher à quelque chose pour survivre, se rassurer, alors que si j’écoute la présence, la réalité pragmatique et honnête c’est que : « je ne sais pas ». Je ne sais pas le pourquoi de la vie et je ne sais ce que c'est, ni réellement ce qui se passe. Elle « est » simplement, gratuitement. Tant que je cherche à enfermer la vie dans une catégorie et une représentation je me dupe, et je sors de la réalité pour rentrer dans l’illusion. Être dans l’illusion génère la souffrance et l’attachement.

Comment va-t-on pouvoir articuler cette façon d’Être, cette expérience, avec notre mentalité moderne fondée sur des idées et des représentations ? Comment vivre ainsi avec notre univers chargé d’objets, construit sur une mentalité matérialiste qui entraîne le goût de la possession ?

Il y a différentes manières d’appréhender la société, avec ses leurres et ses exigences. Du point de vue de la présence, le monde tel qu’il est n’est absolument pas un problème. Il est comme il est. Même si la plupart des gens sont fascinés par les formes, la volonté de puissance, hypnotisés par les médias, vivants dans la peur de la mort, l’attachement affectif, cela n’a pas vraiment d’importance parce que ce que « je suis », la présence que je suis, n’en est pas affectée. Elle est inaliénable, fondamentalement libre et invulnérable. Si je suis suffisamment enraciné dans la Présence, je ne "retombe" pas dans la fascination des formes : le monde est bon ou mauvais, doit être sauvé, etc.

Dès que je suis dans une tentative volontaire et passionnée de réforme du monde, d’implication dans le monde, je suis pris dans le monde. Le monde a le pouvoir de me tuer, de me faire grand ou petit. Tant que je suis dans la croyance que le monde a pouvoir sur moi, je vais y cotiser, et dire que ce n’est pas bien, ou que c’est bien, ou que ça pourrait être autrement. Si je tombe dans l’un des deux « pièges » qui est la fascination positive ou négative par rapport au monde, le monde continue à être un problème ou un support.

Du point de vue de la Présence, grandir dans ce monde, l’utiliser comme un allié ou un ennemi, est encore du domaine des représentations mentales, donc de l’illusion. Lilith ne cherche pas à grandir ou à combattre quoi que ce soit. Être lui suffit. Elle ne rentre pas dans le drame de l’évolution du monde ou de sa propre évolution personnelle.

Lilith est une vraie sauvageonne. Elle invite à se poser dans la Présence. Toutes les propositions qu’on nous fait pour nous améliorer, ou pour faire grandir le monde, sont des choses qui vont non pas nous libérer, et nous permettre de rencontrer Lilith, mais contribuer à ne pas accepter les choses telles qu’elles sont. Cela amène au jugement, aussi bien fondé qu’il soit.

Tant que je « sais », je me trompe ! L’homme court toujours parce que les choses ne sont jamais parfaites. La question est d’accepter la vie telle qu’elle est. Lilith est dans la danse de la vie. Pour Lilith, toutes les saisons sont belles. Elle est non-duelle, intègre tout. Elle ne crée pas de système. Elle intègre Tout dans l’instant présent.

Propos recueillis par Didier Fleury

• Va balayer les latrines... - Jean-Yves Leloup


Quand vous êtes dans le désert, vous jeûnez, vous priez, vous veillez. Très vite vous développez des sensations extrasensorielles : "Les anges vous parlent", dit-on communément.

Un jour je me sentais vraiment exalté, je me sentais vraiment porté par la Grâce. Naturellement ma première réaction fut d'aller le dire à l'Ancien : "Père, les anges me parlent, je décrypte les textes évangéliques, je me sens en communion avec l'univers dans un amour infini et puissant...".

Le Père me dit, sans lever les yeux : "Va balayer les latrines et regarde si les anges y sont toujours."

Jean-Yves Leloup

mardi 6 mai 2008

• Chaque instant est l'Instant de l'Eveil - Satto

Sources

L'éveil, c'est un peu comme être au cinéma, quand les lumières s'éteignent, vous êtes là; complètement dans l'instant, attentif, éveillé, conscient, sauf que vous réalisez qu'il n'y a pas de salle, pas de film, pas d'écran, pas de projectionniste, pas d'ouvreuse, pas d'esquimau.

Il n'y a rien! Rien que vous.

Pas vous en tant que personne, pas vous en tant que corps;

'Vous' en tant que Pure Présence, en tant que Pure Conscience purement consciente d'elle même, et 'vous', cette conscience, réalisez que rien d'autre que cette conscience n'existe, que tout ce qui apparaît n'est autre que cette même conscience.

Jamais rien d'autre n'a été, jamais rien d'autre ne sera.

L'illusion du moi, du 'drame' de la personne séparée et de son monde de représentation est démasquée.

Vous Etes, sans histoire.

L'éveil c'est la réalisation de la Totalité.

L'Eveil, l'Illumination, c'est la Grâce de l'Instant.

On ne peut pas dire que ce n'est rien, au contraire.

On ne peut pas dire non plus que ce soit quelque chose.

C'est l'Insaisissable que nous Sommes, que Tout Est.

Ce qui Est. L'Instant Vivant. Absolument.

En cet Instant Présent, Absolu de mémoire,

Quelle autre lumière que cette Lumière là?

Quel autre éveil que cet Eveil là?

Quelle autre Conscience?

En cet Instant, Absolu en lui-même,

En cet Instant sans temps, Maintenant,

Qui n'est pas illuminé, qui n'est pas éveillé?

Tout se tient et se révèle dans l'Instant.

L'Eveil ne change pas.

L'Eveil se réalise au travers de ce qui semble un processus physique

en constant changement, développement, transformation et mutation.

Ce qui change n'est pas l'Eveil, c'est sa manifestation, c'est son débordement.

C'est le "Corps du Vivant". Sans limite.

Pure Jubilation, pur 'en-soi'.

L'Eveil est le même.

ni infini ni fini

En-Soi.

L'Eveil a toujours lieu.

Maintenant. C'est le seul lieu.

Chaque instant est l'Instant de l'Eveil

L'instant où l'Un se tend, s'éveille

S'embrase et s'embrasse lui-même

C'est l'Instant insaisissable

C'est ce que nous sommes à nous-même

Autre que cela n'est pas.

Le reste n'est qu'invention et chimère

Notre jeu et notre joie.

L'Eveil n'est pas un état.

C'est notre inaliénable et inchangeable Nature.

Cela ne saurait donc se modifier ou se compléter avec le temps.

Cela ne change pas.

Seules les apparences se transforment comme des nuages dans le ciel.

Toutes les apparences... Infiniment.

Infiniment dans le ciel de la Conscience Immuable.

C'est son Jeu et sa Joie.

L'Eveil est Le Paradoxe... C'est l'Ouverture même...

Pas de clé, pas de serrure... Pas de protège gond...

Pas de porte... C'est le Seuil Infini...

Il parle de lui-même... Sans dire un mot...

Pas même le Silence...

Ecoute !...

Reconnais-toi toi-même !

L'éveil est un 'en-chantement'...

C'est le Soi en soi qui se reconnaît

Se rie en son miroir

S'embrasse et

S'En chante!

L'éveil est un Embrasement!


Extraits choisis pour Éveil Impersonnel