jeudi 1 octobre 2009

• La méditation ne connaît ni choix, ni préférence - Jean-Marc Mantel


Les diverses expériences de la vie peuvent être toutes vues sous la forme d'un lâcher-prise des attachements, et donc d'une dissolution du moi.


Sous ce terme, l'on entend la perte, partielle ou totale, du sens de l'identité séparée, de tout ce qui fait que je m'appelle "moi" et me désigne par mon corps et ma personnalité.


Si cette identité est remise en cause et que cette croyance est ébranlée, ce n'est pas pour laisser place à un vide abscons, mais inviter un éveil à une plénitude de conscience, impersonnelle dans sa nature et omniprésente dans sa permanence.


Toutes les contrariétés sont des opportunités d'abandonner le désir que les choses soient différentes de ce qu'elles sont. Il ne s'agit pas ici d'une résignation, mais d'une intelligence nouvelle, qui n'entre pas en conflit avec la réalité de ce qui est, mais l'épouse et fusionne avec elle. Lorsqu'une situation est pleinement acceptée, le "je-conscience", immuable connaisseur du monde, s'affirme comme détaché de cette situation, qui est contenue en lui, mais n'est pas lui.


Telle la goutte de rosée qui n'affecte pas la feuille qui la supporte, le "je-conscience" est toujours libre des manifestations qui émergent et disparaissent en lui, n'étant rien en soi, mais tout en vérité.


Ce mélange, apparemment incompatible, du rien de l'absence du moi et du tout de la présence du Soi peut être vécu à chaque instant, dès lors que les attentes et projections diverses créées par le mental se résorbent dans la silencieuse attention qui les contient.


Accueillons donc cette possibilité de disparaître dans la transparence de la conscience, et de s'établir dans la joie qui lui est propre ; une joie qui n'est plus soumise aux va-et-vient des circonstances, mais s'enracine dans la plénitude de l'être.


Jean-Marc Mantel




SUR LA NATURE DE LA MEDITATION


Etre la méditation n'est pas faire de la méditation.


Dans le "faire de la méditation", résident une anticipation et une projection d'un moi tendu vers un but.


Le "faire de la méditation" peut cependant avoir un intérêt dans une réduction de l'agitation mentale et corporelle.


Le "faire de la méditation" est assimilé à une assise silencieuse.


Lorsque le corps n'est plus en mouvement, les habitudes d'implication émotionnelle dans l'action sont mises au repos.


Les sensations, émotions et pensées deviennent

les seuls objets d'observation.


De ce fait, les mécanismes cachés par l'agitation deviennent apparents et émergent sous l'oil attentif de la contemplation.


Les objets multiples du désir deviennent objet unique nommé paix ou quiétude.


Ce désir de paix ou de quiétude vient de l'expérience du sommeil profond, qui laisse au réveil des traces dans la mémoire : parfum d'éternité, silence sans fond, liberté d'intention,

tranquillité sans cause.


De cette expérience est issu le désir de méditer.


Le "faire de la méditation" contient encore un but projeté, comme si la tranquillité désirée se situait dans un espace séparé de celui qui la cherche.


Un moi dénommé "méditant" cherche à atteindre un état dénommé "méditation".


Il y a dans cet exercice une tension liée à la projection et à l'investissement émotionnel dans le but projeté.


Lorsque l'écoute et l'observation deviennent plus complètes, tout objet de perception est accueilli tel qu'il est,

sans choix et sans préférence.


Il vient alors se résorber dans un espace conscient et silencieux qui gît en arrière-plan de la perception.


Cet espace ne peut être qualifié de moi, n'ayant ni identité spécifique, ni relation au temps et à l'espace.


Il n'est pas un objet de perception, mais est ce qui perçoit.


Le sujet témoin est également un objet d'observation, apparaissant au cour de la conscience observante.

Lorsqu'il se résorbe en sa source, ne restent qu'écoute et observation, libres de l'objet.


La méditation est ce qu'il reste lorsque ce qu'elle n'est pas n'est plus présent.


La méditation n'est pas une intention.


La méditation n'est pas une anticipation.


La méditation n'a pas de but, ne connaît ni choix, ni préférence.


Etre la méditation signifie être en unité avec

le Je sans qualification.


Dans ce vécu intemporel, chaque objet est à sa place.


Les situations ne sont pas interprétées, mais simplement vues.


De cette vision, l'action juste émerge comme une réponse

à la situation.


(source de ce texte : essence-euro.org)


1 commentaire:

vincent a dit…

J.M. Mantel, est vraiment quelqu'un de très très clair sur ces sujets. Je parcours souvent son site et ce qu'il écrit, c'est vraiment une joie de le lire.