mercredi 18 novembre 2009

• Il n'y a personne ici - Ajahn Chah


 Un jour, quelqu’un qui venait pour la première fois au monastère Wat Nong Pah Pong, le monastère d’Ajahn Chah en Thaïlande, a demandé à Ajahn Chah qui était Ajahn Chah.

 Prenant conscience du niveau de développement spirituel de la personne, Ajahn Chah s’est lui-même montré du doigt et a répondu : « C’est moi. Je suis Ajahn Chah. »

 A une autre occasion, quelqu’un d’autre lui a posé la même question. Par contre, cette fois, voyant la capacité de son interlocuteur à comprendre le Dhamma, Ajahn Chah répondit : « Ajahn Chah ? Il n’y a pas d’Ajahn Chah. »

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Une vieille dame très pieuse arriva un jour en pèlerinage à Wat Pah Pong depuis sa province voisine. Elle dit à Ajahn Chah qu’elle ne pourrait pas rester longtemps car elle devait rentrer s’occuper de ses petits-enfants et, comme elle était âgée, elle demanda s’il pouvait lui donner un bref enseignement sur le Dhamma. Ajahn Chah lui répondit avec virulence : « Écoutez donc ! Il n’y a personne ici — que ça ! Pas de propriétaire : personne qui soit vieux, qui soit jeune, qui soit bon ou mauvais, faible ou fort. Juste ça et c’est tout — différents éléments de la nature qui suivent leur cours, tous vides. Personne qui est né et personne pour mourir ! Ceux qui parlent de naissance et de mort parlent le langage des enfants ignorants. Dans le langage du coeur, du Dhamma, il n’existe rien de tel que la naissance ou la mort ! »

 Le véritable fondement de l’enseignement est de voir le soi comme étant vide. Mais les gens viennent étudier le Dhamma pour faire grandir leur image d’eux-mêmes, ils ne veulent donc pas faire l’expérience de la souffrance ou de la difficulté. Ils veulent que tout soit agréable. Peut être veulent-ils transcender la souffrance, mais, tant qu’il y a un soi, comment peuvent-ils s’y prendre ?

 C’est tellement facile une fois que l’on a compris. Si simple et si direct ! Quand des choses agréables se présentent, comprenez qu’elles sont vides. Quand des choses désagréables se présentent, voyez qu’elles ne vous appartiennent pas ; elles passent. Ne vous liez pas à elles comme si elles étaient vous, ne vous voyez pas comme les possédant. Si vous pensez que ce papayer est à vous, pourquoi n’êtes-vous pas blessé quand on le coupe !? Si vous pouvez comprendre cela, vous êtes sur la bonne voie, la voie de l’enseignement du Bouddha, de l’enseignement qui mène à la Libération.

 Les gens n’étudient pas ce qui est au-delà du bien et du mal. C’est pourtant cela qu’il faudrait étudier. Ils disent : « Je vais être comme ceci, je vais être comme cela. » Mais jamais ils ne disent : « Je ne vais rien être du tout parce qu’en réalité il n’y a pas de ‘je’. » Cela, ils ne l’étudient pas.

 Une fois que vous comprenez le non-soi, le fardeau de la vie disparaît. Vous êtes en paix avec le monde. Quand on voit au-delà du soi, on n’est plus attaché au bonheur et on peut être vraiment heureux. Apprenez à lâcher prise sans lutter, simplement lâcher prise, pour être exactement comme vous êtes — sans saisie, sans attachement, libre.

Tous les corps se composent des quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. Quand ces éléments sont réunis pour former un corps, nous disons que c’est un corps masculin ou féminin ; nous lui attribuons un nom pour l’identifier plus facilement. Mais en réalité il n’y a personne : seulement de la terre, de l’eau, de l’air et du feu. Ne vous enthousiasmez pas pour un corps, ne soyez pas orgueilleux d’un corps. Si vous y regardez de près, vous n’y trouverez personne.

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L’un des disciples d’Ajahn Chah
essayait de débrancher un magnétophone
 quand il toucha malencontreusement un fil électrique.
 Il reçut une décharge de courant et lâcha aussitôt le fil.
 Ajahn Chah le remarqua et lui dit :
 « Oh ! Comment se fait-il que tu aies lâché si facilement ? Qui te l’a demandé ? »

Voir aussi ce lien.

Biographie d'Ajahn Chah

5 commentaires:

vincent a dit…

rien à dire concernant la justesse des réponses.
Mais est-il nécessaire d'être dans cette traditionnelle posture, la vie, ce que nous sommes, a-t-elle besoin d’une posture ? Toute posture est une imposture, j’avoue ne plus être sensible à cette « pose » que « la vie » ne prend pas…elle est ! le reste, une image qui conditionne une histoire que je trouve un peu restrictive (sourire) ! Quand « cela est » on peut aussi bien être debout, assis, rire, sourire……..nul besoin de véhiculer une image, si petite qui raconte une histoire chargée d’un sens dont « cela » se moque allégrement de toutes nos poses !

Patrice a dit…

"Quand "cela est", on peut aussi bien être debout, assis...".

Voilà alors ici, dans l'"imposture" d'Ajahn Chah, une bien belle façon de s'assoir. Une assise parmi tant d'autres, pourquoi même en faire un commentaire (comment-taire ?).
Ajahn Chach exprime et véhicule, à sa façon et à travers sa culture, simplement "ce qui est".

"Toute posture est une imposture..."

Finalement, que l'on en adopte une, ou aucune, cela reste toujours une "(imp-)posture?". Mais pour "qui" en définitive ?

Je retiens surtout que, quelque soit la posture (ou l'imposture), il n'y a en fin de compte "personne" qui l'adopte.
Je remarque aussi que mon chat est, bien malgré lui, un grand adepte du yoga !

vincent a dit…

Tout a fait, le mien aussi et mon chien de même....mais les postures vont aussi avec les histoires de postures.......qui véhiculent des impostures....pour personne bien entendu! (sourire)

Jean-philippe a dit…

vincent : Toute posture est une imposture

exellent .. je trouve personnellement que sa resumer tout a fais ... la méditation voir l'un-posteur .. mais d'abort l'un-posture .. et enfin les deux disparaisse et il n'ya plus que méditation ..

Patrice a dit…

Le mot de la fin reviendra à Ramana Maharshi, que personne ne contredira : "La véritable posture, c'est de demeurer dans le Soi".