mardi 29 juin 2010

• Nous sommes déjà éveillés - Albert Low


Comment expliquez-vous que certains êtres, tels Stephen Jourdain ou plus près de nous Virgil, se soient « éveillés » à leur vraie nature, sans tradition, sans maître, sans cheminement, et même sans intention ni aspiration?

Albert Low : Je ne peux pas l’expliquer, mais si ce n’était pas vrai, ça voudrait dire que l’éveil n’est d’aucune valeur pour l’être humain.
L’éveil doit être possible pour une personne sans aucune tradition; si ce n’est pas comme cela, ce serait seulement le résultat d’un système et ce serait limité par ce système; cela voudrait dire que ce n’est d’aucune valeur pour les êtres humains. Comme je l’ai déjà dit, nous sommes déjà Bouddha, nous sommes déjà éveillés; aussi, la question n’est pas tant de savoir pourquoi des personnes arrivent à l’éveil sans tradition, mais pourquoi est-il nécessaire d’avoir une tradition pour s’éveiller. Cela, c’est une question vraiment importante. C’est une question que je donne souvent à mes étudiants. Tout comme le maître japonais Dogen a demandé: « Si c’est vrai que tous les êtres sont Bouddha, pourquoi faut-il travailler aussi fort pour le réaliser? » Ces personnes qui s’éveillent complètement spontanément, sans tradition, sans rien, sont de vrais témoins, justement parce qu’ils n’ont pas pratiqué une voie et qu’ils n’ont pas eu de guide. Malheureusement, si l’on n’a pas passé à travers les roues de la machine de la vie, de la souffrance, il sera difficile de comprendre pourquoi les gens ont autant de difficulté.

Puisqu’il s’agit de la « vraie nature », ne croyez-vous pas qu’il puisse y avoir beaucoup d’«éveillés» que nous ne connaissons pas, simplement parce qu’ils n’enseignent pas? Nous ne connaissons finalement que les enseignants, parce qu’ils sont les seuls à parler.

Albert Low : Ah oui ! Ah oui! Absolument! Et probablement que ces personnes qui se sont éveillées sans aucune tradition, sans guide, si elles ne peuvent parler à d’autres personnes, seront un peu troublées par ce qui leur arrive.

Source du texte
Site d'Albert Low