mardi 5 décembre 2017

• Demeure dans un esprit vaste comme le ciel (compilation/Patrice Gros)


Le ciel est Dieu perceptible aux sens.

Hermès

Développe un esprit vaste comme l'espace, où les expériences aussi bien plaisantes que déplaisantes peuvent apparaître et disparaître sans conflit, lutte ou douleur.
Demeure dans un esprit vaste comme le ciel.


Majjhima Nikaya

Comme tu le sais, le ciel est bleu, très bleu,
Et très transparent.
Il n'y a ni centre, ni limite,
Et bien vois-tu, ton esprit ressemble au ciel.

Lama Yeshe Losäl


La pratique consiste à mettre sa conscience claire dans les yeux et poser son regard dans le ciel.

Voici les instructions tirées du “Yoga de Shiva” :

L'attention dans les yeux,
Les yeux dans l'espace.
Grand ouvert,
Regard sans visage,
Transparence sans limites,
Le corps retourné Comme un gant,
L'extérieur devient l'intérieur,
Comme un ciel sans nuages. Une seule présence,
Nette et vivante.

Tel est le yoga de Shiva.


Ou encore, celles d’un texte de la tradition Dzogchen :


Place le regard dans l'espace,
droit devant toi,
sans bouger les globes occulaires,
détends ton attention pour qu'elle soit vive,
lumineuse, éveillée et embrassant la totalité.
Qu'elle soit libre de la fixation d'un observateur
ou d'une chose observée. 

La pratique :



La posture est érigée ;
Les yeux et l'esprit se fondent dans dans le ciel (l'espace).

Nous allons poser notre regard dans l’espace en face de nous et ainsi, la sagesse pourra apparaître spontanément.

On s'assied et on regarde le ciel (ou l’espace), face à nous, les yeux entrouverts, le regard légèrement dirigé vers le haut.

Posez le regard sur l'espace. Il est utile de regarder un grand vide, comme le ciel, mais on peut pratiquer même dans une petite pièce en fixant l'espace compris entre le corps et le mur. Restez stable et calme. Laissez le corps détendu. Au lieu de vous concentrer sur un point imaginaire de l'espace, laissez l'esprit s'épancher tout en maintenant une forte présence. Nous appelons cela "dissoudre l'esprit dans l'espace", ou "mêler l'esprit à l'espace".

Tenzin Wangyal Rinpoché

Nous utilisons l'espace extérieur sans nuages comme un exemple d'analogie car il est sans support : en lui, il n'y a rien sur lequel l'esprit puisse se fixer ou qu'il puisse saisir. Il est sans base, à la différence des autres éléments. Un ciel clair et pur est idéal pour la pratique. Comme il est vaste et ouvert, il est sans support pour les pensées.

La raison pour laquelle le ciel doit être clair c'est parce qu'il ne doit y avoir aucun endroit ou aucune chose sur lesquels fixer son attention. L'espace est en essence ouvert et libre.


Tulku Urgyen Rinpoche

L'espace du ciel est donc un symbole de l'immensité de notre vraie nature, au-delà de tous concepts. Par cette contemplation, notre esprit se relie à l'espace du ciel et devient de même nature spacieuse. Cette "nature du ciel" est à la fois un phénomène extérieur (l’espace face à soi), mais aussi ressentie intérieurement.
Puis, le sujet et l'objet s'unissent peu à peu, une union se produit. On en vient à réaliser qu'il n'y a plus de ciel “au dehors”, ni de relation directe avec l'extérieur. L'espace ressenti est devenu intérieur. Toutefois, à ce stade, il demeure encore une légère et subtile dualité, celle d’un sujet qui perçoit (l’observateur) séparé de l’espace qu’il ressent (l’objet de perception), mais cette séparation a tendance à se dissoudre progressivement.

Puis, si on poursuit l’observation, cet espace à l'intérieur de soi ne peut pas être localisée, on ne peut le trouver. Il y a seulement une Conscience claire. Dans cette fraîcheur, il n'y a plus de dualité aucune.
L’espace extérieur a permis de révéler l’espace intérieur, et ce dernier à dévoilé l’espace intime de notre vraie nature, une Conscience claire originelle, ouverte, sans limite, non-conditionnée, connaissante, et sans référence !


L'espace extérieur est simplement l'ouverture droit devant vous.
L'espace intérieur de l'esprit est simplement la qualité vide de votre esprit.
L'espace profond est la vacuité de la conscience non-duelle (rigpa).


Tulku Urgyen Rinpoche

Nous réalisons l’unité de ces "trois cieux" et nous reconnaissons qu’il n’y a qu’un seul espace de conscience, libre et ouvert, au sein duquel des phénomènes apparaissent, tout comme des nuages apparaissent dans le ciel sans l’affecter ni le déranger.

Selon le Yoga Vasishta, un traité Indien non-duel :

Dans ce yoga,
on pose le regard sur l'espace.

La conscience et l'espace se mélangent.
L'attention se dilate,

et l'espace de la Présence se manifeste,
comme un soleil d'amour

au cœur d'un ciel sans nuages.

L’espace, le ciel, sont un autre nom pour l’Être, le Soi, la Présence, la Conscience, la Nature originelle de l’esprit...
Le ciel extérieur est simplement une métaphore de l’espace intérieur. Ce n’est pas un “objet” à saisir. Nous contemplons l'espace (du ciel s’il fait beau, ou de la pièce si nous nous trouvons à l’intérieur) comme nous contemplerions notre visage dans un miroir. Comprenons que c’est parce qu’il y a d’abord cette dimension spacieuse à l’intérieur de la conscience que celle-ci peut alors être reconnue dans le “ciel extérieur”, qui en devient le miroir.
En réalité, la vraie nature de la conscience est au-delà de toutes notions d’extérieur ou d’intérieur, et de tout concept de séparation. Pour autant, la contemplation du ciel ou de l’espace est un moyen habile qu’utilise la Conscience pour effectuer ce retournement vers elle-même. Celui-ci n’est pas quelque chose qui peut être fait. Il se produit naturellement, pour chacun d’entre nous, car l’espace extérieur a, symboliquement, les mêmes caractéristiques que la Conscience (ouverture, vastitude, absence de limites, de forme, de temps, de durée, etc.), permettant celle-ci de se reconnaître dans son essence.

L'espace par lui-même est totalement libre. Il n'a ni centre ni limite dans aucune direction. Diriger le regard dans le coeur de l'espace vide est une aide pour expérimenter soi-même l'état de rigpa (la conscience claire non-duelle) qui est pareillement libre et omniprésent.

Tulku Urgyen Rinpoche

Toutes les pensées, la masse des nuages mentaux,
S’étant dispersés dans l’espace absolu,

Pratique en étant relaxé dans le ciel extérieur et le ciel intérieur sans tâche -
Le yoga du ciel sans effort, demeurant ou reposant dans l’état naturel.

Nyoshul Khen Rinpoché

Plutôt que plonger les yeux dans le ciel,
mettez le ciel dans vos yeux.
Et ainsi vous contemplerez votre propre immensité.

Patrice Gros

© Éveil Impersonnel

Voir en complément cette page de José le Roy